Quand musique classique rime avec jeux vidéo et cinéma

 

« Non ! Non, ne fuyez pas tout de suite… Parce que bon, je vous ai vus là, derrière votre écran… Vous avez lu « musique classique » et hop, le curseur s’est dirigé, bien malgré lui j’en suis sûre, vers la petite croix en haut à droite. Pas de panique, on va y aller en douceur, mais pas trop non plus, tout cela dans le but de vous montrer à quel point ce style musical, parfois jugé ennuyeux ou poussiéreux, est pourtant omniprésent sur tous les supports artistiques actuels. Mieux encore, la musique classique a même la part belle dans les œuvres cinématographiques et vidéo-ludiques, puisque ses plus grands chef-d’œuvres se retrouvent aujourd’hui dans nos publicités, à la télé, ou encore dans le domaine du jeu vidéo. Cleek entame donc avec vous le quatrième numéro de cette série d’articles (pour les quatre premiers, ça se passe ici , par-là et , et là-bas), en vous proposant une petite balade musicale autour de ce répertoire parfois mésestimé, et ce à raison de cinq œuvres par numéro. Au programme aujourd’hui, du calme et du moins calme, pour ne pas dire une certaine frénésie dans certaines musiques que nous allons aborder, en espérant que les écoutes ci-dessous vous amèneront à ponctuer votre lecture d’un enjoué « Ah, mais c’est cette musique làààà ! ». Enfilez donc votre plus beau casque, branchez vos enceintes, et lets go !

 

[divider]Jim no pay, die[/divider]

 

En tête de ce top 5, nous retrouvons une air de musique classique emblématique, quoi que relativement récent, publié en 1888. Les Gymnopédies de d’Erik Satie sont en fait trois œuvres pour piano, à la structure assez similaire, qui, par leur caractère très épuré reflétaient déjà les prémices  de ce que serait par après la musique minimaliste, ou plus généralement la musique ambiant. Ces pièces pour piano seul ont donc beaucoup inspiré la culture vidéo ludique, mais aussi le cinéma et les séries, dans lesquels nous le retrouvons très souvent : Nip/Tuck, Paris de Cédric Klapisch, mais aussi Mother 3, Persona 2 – Innocent Sin, Flower, Sun and Rain, et bien d’autres encore. Son empreinte particulière, malgré le côté transgressif de l’époque, en fait donc une musique tout à fait intemporelle, que l’on aurait pu découvrir tout récemment. Les Gnossiennes, autres œuvres pour piano du même compositeur, sont souvent rattachées aux Gymnopédies, et l’ensemble de l’œuvre nous propose donc des mélodies épurées, aériennes, mais aussi parfois très sombres.

 

 

[divider]Le chouchou d’Astier[/divider]

 

Nous retrouvons une fois de plus le compositeur Jean-Sébastien Bach, dont l’ampleur de l’œuvre a bien évidemment influencé notre culture vidéo-ludique et cinématographique au travers de bien des thèmes. Nous avions vu dans le premier numéro de notre Musique Classique version Geek, un thème repris dans le jeu Tetris, le thème C, issu d’un menuet du compositeur. Aujourd’hui nous rallions les codes du genre, en prenant donc un grand compositeur et un grand jeu vidéo pour une collaboration classique/geek réussie. C’est donc dans le jeu vidéo Portal 2 que l’on retrouve un air de Bach. Dans l’OST du jeu, nous retrouvons la piste intitulée Machiavellian Bach, et ce que l’on entend est en fait extrait du Petit Prélude en do mineur (BVW 394) dont vous pouvez retrouver la version originale ici. Les œuvres de Bach sont en fait aisément reconnaissables de par leur signature stylistique, et toutes les pièces pour clavier constituent un vivier inépuisable d’œuvres geek en puissance : prenez n’importe quelle partition pour clavier de Bach, adaptez là simplement en remplaçant l’instrument d’origine par un son 8-16 bit, et vous obtenez un titre rétro à la fois épuré et complexe dans sa construction (et surtout, libre de droit !). Mais revenons maintenant à Portal 2 et écoutons ce que donne ce Petit Prélude, adapté à la sauce geek :

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[divider]Du casse-noisette au casse-brique[/divider]

 

Tetris, en dehors de son thème principal emblématique, d’ailleurs emprunté directement au folklore de la musique traditionnelle russe, a en fait eu quelques fois recours à la musique classique. Après le menuet de Bach, la licence du jeu va chercher du compositeur (russe, là encore) Piotr Ilitch Tchaïkovski, que nous avions déjà rencontré dans notre troisième édition de la Musique Classique version Geek, au travers du film Black Swan. Cette fois, c’est dans son ballet Casse-noisette, et plus spécifiquement la Danse de la Fée Dragée que l’on se retrouve. Là encore, rien de très surprenant : le thème d’origine est adapté à la mode rétro, et l’ensemble sonne plutôt bien, puisque la musique classique se prête très facilement à ce genre d’adaptations. Tetris marque donc une fois son jeu du style russe, avec une musique aux accents malicieux et espiègles.

 

 

[divider]L’air, l’eau, la terre, le feu… et le cinquième ?[/divider]

 

Bada Boum ! Voilà un titre dont nous étions obligés de parler au bout de ces cinq numéros.  Le Cinquième Élément (Luc Besson, 1997) présente dans sa bande-originale un air d’opéra classique, qui est aujourd’hui devenu emblématique. Cela se déroule, dans le film, pendant un concert, et les premières minutes de l’interprétation suit donc strictement l’air d’origine, Il Dolce Suono, extrait de Lucia di Lammermoor, un opéra de Donizetti. Bien loin des Traviata et autres Carmen, Lucia di Lammermoor est donc revenu au goût du jour par ce choix judicieux de Luc Besson, magnifiquement interprété par la soprano albanaise Inva Mulla. Une polémique avait d’ailleurs fait rage lorsque l’on avait prêté cette magnifique voix à celle d’Emma Shapplin, qui aurait en fait participé au remix qui arrive après l’air classique, la partie la plus spectaculaire, qui a fait la renommée de cet instant de cinéma.

 

https://www.youtube.com/watch?v=Syo6tLeZfHw

 

[divider]O Fortuna[/divider]

 

C’est sur un ton plus cérémonieux, et surtout plus épique que s’achève donc ce cinquième numéro de la Musique Classique version Geek, avec un thème bien connu du grand public, dont le début tonitruant fait frémir, et la lente progression qui s’ensuit nous rappelle à tous quelques souvenirs. O Fortuna est extrait des cantates scéniques Carmina Burana de Carl Orff, composées en 1935-1936. Son thème mémorable en fait donc aujourd’hui un pilier de la musique classique « que-tout-le-monde-connaît » et son caractère épique et grandiose, qui requiert un effectif plus que conséquent, peut donc maintenant servir à la fois les scènes en accord avec cette ambiance, ou encore être détourné de façon parodique, comme la Chevauchée des Walkiries de Wagner, que l’on peut retrouver à la fois dans Apocalypse Now et dans le jeu flash Lancer de Hamsters. Le revers de la médaille donc, bien qu’il soit toujours amusant de retrouver un tel thème sorti de son contexte, et rejoué à la sauce parodique. O Fortuna est donc présent dans des films tels que Jackass (vous voyez mieux l’idée de la parodie, maintenant ?), Excalibur, The Doors, Le Dernier des Mohicans,..  Un peu de classe donc, pour finir en beauté, et à bientôt dans un prochain numéro de la Musique Classique version Geek !