La Boîte à Musique : Hunger Games – The Hanging Tree

 

Bonjour à tous et bienvenue dans le neuvième numéro de votre chronique musicale sur Cleek. Vous l’aurez compris, il sera question ici de musique, et plus particulièrement des musiques qui ont bercé et qui continuent de bercer l’univers geek, qu’il s’agisse de jeux vidéo, de films ou d’animés. Le format de cette chronique pourra varier d’un numéro à l’autre selon les musiques qui vous seront proposées. Présentations, analyses, extraits de partitions seront autant d’éléments que vous pourrez retrouver dans la boîte à musique de Cleek.

Vous l’avez sûrement remarqué tout au long de ces derniers jours : Cleek a suivi la vague des grandes sorties cinéma tout au long des récap‘, mais aussi des critiques de Spectre et du dernier Hunger Games. C’est autour de ce dernier que nous nous pencherons aujourd’hui, et plus spécifiquement sur le thème musical qui avait fait le succès de la première partie de ce premier volet, à savoir, la chanson « The Hanging Tree ». Suivez le geai moqueur et découvrons ensemble la présentation de cette sombre ritournelle.

 

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[divider]Au commencement[/divider]

 

La chanson « The Hanging Tree » intervient donc dans la première partie Hunger Games – La Révolte. Initialement, cet air était en fait abordé dans le livre de Suzanne Collins, qui en avait écrit les paroles. Lors de l’adaptation sur grand écran, le poème avait donc été mis en musique par James Newton Howard (compositeur star de Mr Night Shyamalan dans Sixième Sens ou encore Le Village), et interprété dans le film par Jennifer Lawrence en personne, une prestation suffisamment rare pour qu’on la souligne. Devenu alors un chant de ralliement pour tous les partisans de la révolte contre Panem, The Hanging Tree a su insuffler dans le film cette dimension mélancolique et épique, comme savent le faire ces mélodies illustrant les desseins de ceux qui n’ont plus grand-chose à perdre. Pourtant, la partie n’était pas gagnée d’avance car l’actrice star de la saga s’était confiée sur cet épisode musical.

 

« Je n’aime pas chanter devant d’autres personnes. C’est ma plus grande peur, j’ai pleuré sur le plateau ce jour-là, c’était horrible »

 

L’interprétation de la jeune actrice est pourtant très juste : sa voix rauque et discrète, proche du « parlé » ou du murmure parfois, nous invite à la confidence, et à cette sombre histoire de l’arbre du pendu. Les accents un peu jazz ajoutés à la mélodie renforcent le caractère improvisé de la chanson, comme un air populaire que l’on transmet oralement, de génération en génération. Il en ressort donc que The Hanging Tree demeure un morceau prenant, et sans doute l’un des plus beaux moments du film, pourtant décrié pour ses longueurs et son manque d’action. Passons maintenant à une présentation un peu plus poussée de l’œuvre.

 

[divider]Analyse[/divider]

 

The Hanging Tree nous expose donc le chant intimiste de Katniss, présenté tout d’abord a cappella. Voici les paroles de cet air.

 

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The Hanging Tree se présente tout d’abord comme une ritournelle : cette forme musicale, instaurée au début de la Renaissance, reprend, au sens large, l’idée d’une courte mélodie, répétée et/ou entrecoupée/accompagnée d’intermèdes instrumentaux. Aujourd’hui, la forme a évolué, et fait davantage référence à un air assez court et répétitif dans son schéma musical. On retrouve donc naturellement la ritournelle dans des procédés publicitaires, puisque facile à mémoriser et marquant à l’oreille. Ici, nous ne sommes pas loin de l’idée de slogan ou de musique qui interpelle le plus grand nombre, puisque The Hanging Tree se présente dans le film comme étant une sorte d’hymne, un chant de ralliement pour les partisans de la révolte (un peu à l’image du « Chant des Partisans » durant la seconde guerre mondiale, basé lui aussi, sur le principe de la ritournelle).

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Côté caractéristiques, nous nous situons dans une métrique binaire à quatre temps (où les temps sont donc tous divisibles par deux) et dans la tonalité de la mineur, empruntant parfois au mode dorien (typique des musiques folkloriques et traditionnelles). C’est une tonalité où l’on ne retrouve ni dièse ni bémol, une tonalité « brute » et symboliquement pure, tranchant avec les bémols des quelques notes symbolisant le geai moqueur (sol / si bémol / la / ré). Voici la partition de la mélodie principale :

 

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La musique débute avec la première strophe de la ritournelle, avec la voix solo de Jennifer Lawrence. Cette dernière ne restera  toutefois pas seule pour autant, puisqu’un effectif instrumental, léger et discret, la rejoint dès la fin de la strophe sur le « If we met ». Le morceau présente donc un univers calme et mélancolique, ponctué par le refrain répétitif du poème. Cet univers sera chaque fois renforcé par l’arrivée (assez peu calculée) d’instruments qui accompagnent le chant de Katniss. D’abord en dehors du ton pour insinuer la menace et le caractère sombre de la situation, les instruments s’harmonisent ensuite avec le chant principal pour le souligner et le sublimer.

The Hanging Tree, comme beaucoup de musiques au caractère épique, se situe dans un procédé d’accumulation sonore. On part d’un départ intimiste, ici, la voix de Katniss, qui voit peu à peu son accompagnement se renforcer pour apporter l’élégance et le panache au morceau.

Côté orchestre, nous sommes, au départ, situés sur des instruments typiques des musiques folk et traditionnelles – des violons, violoncelles et des violes : en somme, des instruments au son minimaliste, sans vibrato, dans un véritable souci de pureté et d’un caractère épuré. Les voix s’entremêlent ensuite pour créer une réelle polyphonie, avant d’arriver au climax de l’œuvre. En effet, à 1’45, la ritournelle reprend la première strophe du poème, et l’effectif musical se décuple : Katniss est rejointe par des chœurs mixtes (les partisans de la révolte contre Panem) et les instruments solistes se métamorphosent en un orchestre symphonique, dont le contre-chant apporte un véritable plus à la musique. Voici la partition de la même ritournelle, cette fois accompagnée de son contre-chant.

 

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Ce même contre-chant, basé dans un registre médium, s’étend de plus en plus dans son ambitus (son amplitude) afin d’atteindre les aigus, et renforcer la tension, et le côté épique du morceau. À 2’23, les paroles de la chanson cessent, pour laisser place à un intermède purement orchestral, présidé par les violons et les cors d’harmonie. Enfin, à 2’42, les chœurs (féminins uniquement, puis mixtes à 3’02) reprennent la mélodie principale, légèrement altérée, comme un écho de ces voix du peuple, anonymes mais omniprésentes. L’orchestre se fait de plus en plus imposant, et c’est désormais lui qui guide le morceau vers sa fin, un crescendo brutal et dissonant, une sorte d’avertissement de la révolte qui gronde et des événements à venir.

 

Avez-vous aimé cette musique, a-t-elle guidé votre enthousiasme durant les aventures de Katniss et plus généralement, qu’avez-vous pensé de la chute tant attendue de la saga Hunger Games ? À bientôt dans la Boîte à Musique de Cleek.