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Il y a presque une année, souvenez-vous, Marine « Reanoo » Wauquier nous présentait le jeu pour smartphones Ingress. Pour rappel, c’est un jeu développé par Google et Niantics en novembre 2012 ayant pour but de capturer des portails, les lier entre eux et créer des zones afin de faire gagner votre faction.

Samedi 24 octobre 2015 à Zurich (Suisse), le principe était un peu différent : il fallait faire déplacer des objets, nommés Shards, de portails en portails en les liant afin qu’ils atteignent un portail-cible défini au préalable. Dans le lore du jeu, un Shard est un fragment de la personnalité de l’un des protagonistes et le but est regrouper tous ces fragments afin de reconstituer le personnage. Lors de l’event, les Shards apparaîtront sur des portails aléatoires qu’il faudra capturer  et alimenter en énergie, puis lier à un autre afin de faire transiter le Shard de portail en portail jusqu’à la cible finale. Facile, me direz-vous, sauf quand presque un millier de personnes sont dispersées dans une zone de jeu définie de la ville afin de mener cette mission à bien.

Cet événement, «Abaddon Zurich Flash Shards» est le premier d’une série de trois, les suivants se déroulant respectivement  à Hambourg le 14 novembre et à Milan le 12 décembre. Pour cet événement, les gens sont venus des quatre coins de la Suisse, mais aussi de France, d’Allemagne et d’Italie, principalement. L’anglais était donc de mise afin de pouvoir tous se comprendre. Tous les participants étaient répartis dans des team de 6 à 10 personnes en moyenne, et chacune des équipe était assignée à une zone définie de A à H. Des teams radio étaient également inscrites afin de donner des instructions en temps réel aux chefs de chaque team, telles que des stratégies d’attaque, un lieu où se rendre ou encore une offensive ennemie à contrer.

 

La foule présente à l'événement (thanks to Wally ZH for the pic)
La foule présente à l’événement (thanks to Wally ZH for the picture)

 

Peu avant l’heure de début (12h20, l’heure où les 9 premiers Shards devaient apparaître), chaque team gagne rapidement sa zone et essaie de la sécuriser en capturant les portails alentours.

Ma team, la TeamDocks, est principalement composée de nouveaux joueurs et est donc peu expérimentée. Nous avons bien fait nos devoirs et lu les instructions que notre Team Leader avait pris soin de nous traduire quelques jours auparavant pour que nous ne soyons pas complètement lâchés dans la nature pendant l’événement. Le mot d’ordre était donc «Toujours écouter le chef !».

À 12h20, l’un de nous s’écrie « je vois un truc chelou sur mon écran, c’est ça un Shard ? ». Toute l’équipe s’agite et nous décidons donc de courir vers l’endroit que nous voyons sur la carte, même si ça n’est pas le portail qui nous est assigné. Sur place, nous remarquons un groupe de personnes, tous appuyés contre une fontaine (nous en avons donc conclu qu’il s’agissait de notre fameux portail) et notre TL s’avance vers le leur afin de discuter stratégie. L’idée est qu’une partie du groupe s’occupe de capturer, une de protéger et une d’attaquer si le portail revient au mains de l’ennemi. Certains se placent donc contre la fontaine – voire dedans – pour être bien au centre du portail, tandis que les autres s’éparpillent tout autours, à environ 40 mètres du centre pour une efficacité maximum.

 

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Au centre de l’image, le portail avec le fragment à déplacer (le Shard)

 

Tout se passe bien, nous sommes environ une quinzaine quand un tas de joueurs de la faction adverse rapplique à toute vitesse, dont une bonne partie à vélo. Puis l’équipe de Tessinois (le tessin étant la partie italophone de la Suisse) reçoit l’ordre d’aller sécuriser le portail à lier afin que le Shard se déplace. Très bien. Nous sommes donc 7 contre 31.

Temporairement, nous arrêtons de défendre afin d’économiser notre matériel tout en attendant les renforts, qui ne semblent jamais arriver. Notre préposé aux bières se charge donc d’aller en quérir quelques unes pour étancher notre soif. Toujours pas de renforts. Pendant ce temps, les badauds, curieux, s’arrêtent l’air perplexe et nous questionnent. Heureusement, l’organisation avait tout prévu : nous avons reçu une dizaine de flyers Ingress à donner aux passants afin de les informer et éventuellement les recruter.

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Après une distributions de cookies préparés par mes soins pour chouchouter mon équipe, les Tessinois reviennent et nous font part de leur plan d’attaque. Nous nous remettons donc tous à nos positions et on n’entendait plus que des « recharge », « attaque », « défense » et autres indications données par notre leader.

 

Concentration au maximum et on ne lâche rien
Concentration au maximum et on ne lâche rien

 

La pression se relâche enfin quand le premier Shard passe sur un autre portail (qui n’est finalement pas le bon), mais le repos est de courte durée puisque nous devons aussitôt écouter la radio attentivement. Ce travail a donc été brillamment effectué par notre opérateur radio qui s’est chargé de transmettre toutes les informations relatives à notre position, le nombre de personnes présentes, le besoin de renforts, etc…

Nous recevons une position, le chef panique (ce qu’il fait à merveille depuis le début) puis se repère très vite et nous indique la direction en nous donnant des instructions pour l’arrivée sur le prochain lieu cible. Et là, pareil. Encore une fois, nous sommes largement en sous-nombre mais nous tenons ferme jusqu’à l’arrivée des renforts. Qui n’arrivent toujours pas, mais que font les opérateurs ? Tout en faisant au mieux pour empêcher la faction ennemie de mener sa tâche à bien, nous commençons à nous détendre et plaisanter sans pour autant se relâcher. La lutte assidue finit par payer : ils ne parviennent pas à déplacer leur fragment. Prochain lieu et même histoire, nous sommes résolument seuls. Quoique… Un équipier aperçoit au loin un regroupement de joueurs portant nos couleurs et le logo Ingress qui se dirigent vers nous d’un pas rapide. Victoire, nous sommes enfin en surnombre et l’équipe adverse finit par lâcher prise un moment.

 

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Une fois de plus, nous parvenons à saboter le but de nos adversaires, mais ne réussissons pas à parvenir au nôtre.

Il est déjà presque 15h20 quand nous nous dirigeons vers la quatrième cible. Rapide coup d’œil aux scores : Nous sommes loin devant, et quand je dis loin, c’est très loin. À ce moment-là, le score s’élève à 23-1 en notre faveur.

Le moral des troupes remonte quand nous arrivons sur notre lieu de destination car énormément d’équipes sont déjà sur place. La chaussée est donc complètement occupée par une foule de jeunes et moins jeunes, tous les yeux rivés sur l’écran de leur portable. À ce stade-là, nous nous permettons de prendre quelques photos de groupe, distribuer des cookies, et aller saluer nos équipiers d’autre teams, voire même nos rivaux venant de la même région.

Dernier portail, dernier effort. Notre faction est largement plus présente car beaucoup de nos adversaires ont déserté le « champ de bataille » que sont les rues de Zurich.

Enfin, à l’heure clé où les derniers Shards transitent, les cris de joie résonnent dans la rue et la faction adverse nous félicite de notre victoire.
L’heure est maintenant à la fête car le score final est de 46-2. Tous les joueurs s’éparpillent pour aller boire un verre avec leur faction ou avec leurs rivaux et débattre sur la journée qui vient de s’écouler.

 

Tout cela pour démontrer combien un jeu vidéo peut être social. Ingress rassemble les gens et les fait découvrir des régions dans lesquelles ils ne seraient jamais allés autrement (comment ça, qu’est-ce que je fais appuyée contre cette statue seule au milieu d’un hameau de 30 habitants ? Je capture le portail, bien sûr !).
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