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Game Of Thrones, chef-d’œuvre de littérature Fantasy

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Diffusée depuis le 17 avril 2011 sur la chaîne américaine HBO, on ne présente plus la série Game Of Thrones, véritable succès critique plébiscité par un public qui suit avec passion les péripéties de Daenerys Targaryen, Tyrion Lannister et Jon Snow à Westeros et au sein des Cités Libres. Adaptation plus ou moins fidèle de la saga A Song Of Ice And Fire sous l’œil attentif de son auteur et producteur George Raymond Richard Martin, le succès de la série a parfois eu tendance à éclipser une création littéraire originale et parfaitement maîtrisée. Chez Cleek, nous avons décliné la série Game Of Thrones sous ses aspects musicaux et sérivores, mais nous tenions à vous présenter, ou à vous représenter, une saga de Fantasy qui gagnerait à compter autant de lecteurs que la série compte de spectateurs.

Au-delà des arguments naturels de la richesse supérieure de l’univers littéraire face à sa représentation visuelle, ou du simple fait qu’il s’agit de l’œuvre originale (de laquelle la série s’éloigne parfois avec plus ou moins de scrupules), Cleek vous présente 5 raisons pour lesquelles tout bon amateur de Fantasy devrait compter la saga GoT sur ses étagères, côtoyant les plus grands noms du genre. Spectateur passionné, fan de la série ou juste curieux, embarquez pour un pays où les dragons d’encre et de papier crachent un feu d’enfer sur les contrées turbulentes de la Fantasy.

 

[divider]Un monde à très grande échelle[/divider]

 

Vivesaigues par © Karamissa sur Deviant Art


De quoi s’agit-il ?
Pour ceux qui connaissent la saga Game Of Thrones, force est de constater que George R. R. Martin a réussi à mettre en place un monde complet, cohérent, et à très grande échelle. Si vous êtes familier de l’univers, vous pouvez sans nul doute citer, de mémoire, au moins 7 religions découvertes au gré des pérégrinations dans Westeros et ailleurs, et un certain nombre d’entre elles n’ont pas encore fait leur apparition dans la série, et ne la feront peut-être jamais. Plus que de simplement pouvoir les citer, vous en connaissez probablement les grands principes et la visée sociétale, c’est qui est, pour une saga de Fantasy, le signe d’une richesse culturelle exceptionnelle. Au-delà des religions, George R. R. Martin a créé des paysages, des royaumes, des architectures, des généalogies et des systèmes de société aussi intéressants que complexes. Au fil des pages de la saga, c’est un univers tout entier qui se dessine, avec une précision qui classe la maîtrise de la « carte » bien au-dessus de la moyenne des romans de Fantasy, tutoyant sans complexe le niveau de développement de la carte de Robin Hobb ou de Tolkien.

Qui le fait ? Créatrice talentueuse et mondialement reconnue de la saga Harry Potter, J. K. Rowling est un excellent exemple de création d’un monde cohérent, porté jusqu’à un niveau de maîtrise qui rend le monde ainsi créé tout aussi digne d’intérêt que le récit lui-même. Moins finement ciselé mais plus ambitieux dans la surface parcourue, le monde créé par George R. R. Martin est d’une richesse remarquable.

 

[divider]Un récit à plusieurs voix[/divider]

 

Sansa Stark par © MonsieF sur Deviant Art
Sansa Stark par © MonsieF sur Deviant Art

 

De quoi s’agit-il ? Dans Game Of Thrones, chaque nouveau chapitre est l’occasion de suivre la narration du point de vue d’un personnage différent. Au fur et à mesure que le récit se poursuit et que les tomes se succèdent, on découvre l’histoire racontée par des personnages qui n’avaient jusqu’à présent pas voix au chapitre. Ce partage de la narration à la troisième personne permet au lecteur de suivre les différentes intrigues qui se déploient alors que le groupe familial originel des Stark se disperse sur la carte et que Daenerys poursuit son aventure. George R. R. Martin fait de ce kaléidoscope narratif un jeu sur l’identité du narrateur (« Schlingue, mon nom est Schlingue, ça commence comme châtiment »). Le récit à plusieurs voix est aussi l’occasion d’un délitement identitaire progressif où l’annonce du nom du personnage en début de chapitre se fait parfois mystérieux ou métaphorique, là où les noms des premiers tomes étaient clairs et sans équivoque.

Qui le fait ? La narration à plusieurs voix et à la troisième personne, où chaque chapitre nous fait renouer avec un narrateur différent n’est pas un principe nouveau propre au Trône de Fer. Robin Hobb, dans sa saga Les Aventuriers de la Mer et Brandon Sanderson, au sein des Archives de Roshar l’ont fait aussi. Ce qui est, cependant, particulier à George R. R. Martin, c’est le nombre extraordinairement élevé de personnages-narrateurs, signant ainsi avec ce mode de narration un défi littéraire aussi ambitieux que rondement mené.

 

[divider]Ambivalence et insécurité[/divider]

 

De quoi s’agit-il ? Nous l’avons appris de la manière forte mais personne, dans Game Of Thrones, n’est ce qu’il semble être. Et nul n’est à l’abri d’une mort violente et soudaine, et surtout pas les personnages principaux de l’intrigue, que l’on pourrait croire immunisés contre ce genre d’aléas du destin savamment orchestrés par l’auteur. L’ambivalence des personnages de la saga est une force littéraire, dans la mesure où le recalibrage constant des forces en présence et de leurs intentions propose une interprétation du récit et des vérités en constante évolution, que l’on aurait pu croire acquises – et le personnage de Jaime en est un parfait exemple. Quant au côté sauvagement aléatoire du destin des personnages, en plus de garder l’intérêt du lecteur (et son rythme cardiaque) bien accroché avec un suspense absolument magistral, il permet de prendre tout à fait au sérieux les nombreuses situations de danger mises en place au fil de l’intrigue. Et donc de renforcer l’efficacité de l’écriture et l’importance des péripéties.

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Qui aurait gagné à le faire ? Loin de manifester une aversion au manichéisme, bien au contraire, J. R. R. Tolkien et sa saga Le Seigneur des Anneaux nous a présenté la figure du Mal absolu en la présence du personnage de Sauron, sobrement surnommé le « Seigneur Ténébreux ». Son digne successeur Robert Jordan et sa saga La Roue du Temps marchent dans les pas d’une démarcation tout aussi étanche entre le Bien et le Mal. Quant aux multiples dangers censés menacer Rand et ses compagnons, ils perdent de leur crédibilité dès les deux cents premières pages de la saga, affaiblissant la charpente pourtant intéressante des péripéties de l’intrigue.

 

[divider]Énigmes et mystères en suspens[/divider]

 

Mains Froides par © Zippo514 sur Deviant Art
Mains Froides par © Zippo514 sur Deviant Art

 

De quoi s’agit-il ? Du chapitre mystérieux de l’Alchimiste en passant par l’identité de Mains Froides, l’Ordre des Sans-visages ou encore les origines de Jon Snow, les mystères ne manquent pas dans le monde de Game Of Thrones. Un bon nombre d’entre eux ont donné lieu à de nombreuses théories, basées sur les indices qui parsèment le récit d’un tome à l’autre, ou encore en se référant aux rêves prémonitoires mais toujours très symboliques de Bran. Les lecteurs de la saga savent que chaque détail compte, et relire les tomes est une bonne façon de mener soi-même sa petite enquête. Seuls les livres permettent de réellement jouer le jeu des mystères et contre-mystères, car c’est en lisant la partition finement composée de l’auteur que l’on peut se mettre à la chasse aux indices.

Qui le fait ? Du point de vue de la cohérence au travers de la saga et des énigmes judicieusement parsemées au fil des aventures, J. K. Rowling tire son épingle du jeu, avec des intrigues parfois dignes d’un véritable roman policier telles que celles d’Harry Potter et la Chambre des Secrets ou Harry Potter et la Coupe de Feu. Avec son final extraordinaire, la saga Fils-des-Brumes de Brandon Sanderson présente elle aussi une énigme fascinante, mais aux indices moins dilués dans la masse des mots et à la structure moins complexe que celle de Game Of Thrones.

 

[divider]Fantastique et jeu politique[/divider]

 

De quoi s’agit-il ? La menace des Marcheurs Blancs et les pouvoirs étranges de Bran apportent un aspect fantastique à Game Of Thrones, savamment dosé dans le reste d’un univers résolument Fantasy. Au fur et à mesure que l’histoire progresse, la vérité unidimensionnelle du récit devient une réalité plus complexe, en plusieurs dimensions et niveaux de lecture. L’expérience littéraire du lecteur va ainsi en se complexifiant, allant de pair avec l’ambition d’un jeu politique tout en nuances de gris. Loin du manichéisme précédemment évoqué, les intentions des personnages s’expliquent par des mouvements complexes sur l’échiquier politique des Sept Couronnes, dans un jeu fascinant d’intérêts divergents.

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Qui le fait ? La trilogie À la Croisée des Mondes, de Philip Pullman est un bon exemple de complexification de l’intrigue en passant d’un monde unique à un réseau de réalités parallèles. En ce qui concerne le jeu politique, des auteurs tels que Brandon Sanderson (Fils-des-Brumes, Warbreaker) ou Robin Hobb (L’Assassin Royal) ont pu se livrer à cet exercice inhérent à l’intérêt de l’intrigue, mais avec cependant moins de cynisme et d’ambition dans le nombre d’acteurs impliqués et d’intention inavouées que le cycle Game Of Thrones.

 

[divider]Pour aller plus loin[/divider]

 S’il y a des récifs à tribord et une tornade à bâbord, un capitaine avisé trace un troisième cap.
Asha Greyjoy – Tome 10, Le Chaos

Nous voici arrivés à la fin de cette plaidoirie en faveur des livres de la saga littéraire Game Of Thrones, plus fascinante et exceptionnelle encore que sa consœur télévisuelle. Si cet article vous a plu, n’hésitez pas à vous rendre sur notre article consacré à l’analyse musicale du générique d’ouverture de la série, ou encore sur cet article spécial consacré à l’auteur de Fantasy qui monte, Brandon Sanderson. Bonne lecture à tous !

 

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