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Brandon Sanderson, de la Fantasy comme on l’aime

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Cinq bonnes raisons de découvrir l’auteur Brandon Sanderson.

Dans le monde merveilleux de la Fantasy, peuplé de dragons et de créatures plus ou moins bienveillantes, plusieurs mastodontes du genre tiennent le haut du pavé. De l’incontournables saga de J. R. R. Tolkien qui éprouve la robustesse de nos étagères de bibliothèque à son digne successeur Robert Jordan et sa série non moins avare de papier La Roue du Temps. En passant par George R. R. Martin, qui, malgré sa légère propension à la violence dans Game of Thrones, tisse une multiciplicité d’histoires  incroyable et crée des cultures, des us et des intrigues politiques tortueuses mais passionnantes. Et, bien sûr, il y a la plume vive et talentueuse de Robin Hobb, qui dessine des mondes où règne la magie et nous fait tourner les pages le cœur battant.

Au sein de cette élite qui règne sans partage sur le monde de la Fantasy, cependant, un petit jeune se fraie un chemin et escalade avec brio l’échelle des chiffres de vente. À 39 ans et quelques séries déjà terminées au compteur,  Brandon Sanderson est un nom avec lequel il va falloir apprendre à compter dans le panthéon des grands de la Fantasy.

Si vous connaissez la saga La Roue du Temps, son nom vous est sûrement familier : choisi pour terminer l’oeuvre que la mort de son auteur avait laissée inachevée, Brandon Sanderson, né au Nebraska, aux États-Unis, est principalement connu pour sa trilogie de Fils-des-Brumes (Mistborn dans le titre original). Récipiendaire des prix Hugo et David Gemmel, Brandon Sanderson est aussi connu dans le petit monde de la Fantasy pour avoir énuméré trois lois d’écriture, ou lois de Sanderson, que nous évoquerons plus loin. Ouvrez grands les yeux et laissez-vous imprégner d’un monde fantastique. Cleek va vous donner 5 raisons pour lesquelles vous allez adopter cet auteur.

 

[divider]L’imagination[/divider]

Lire un livre de Brandon Sanderson, c’est l’assurance de découvrir un système de magie original, se basant sur une idée maîtresse. Dans Fils-des-Brumes, on découvre par exemple le monde de l’allomancie, où il est possible de consommer des métaux conférant certains pouvoirs précis. Ainsi, par exemple, le fer donne le pouvoir d’attirer les métaux vers soi alors que l’acier permet de les repousser.

La table des métaux de l'allomancie : chaque métal confère un pouvoir précis et utilisable jusqu'à ce qu'il soit consommé par le corps. La variété des métaux à utiliser permet des combinaisons parfois très intéressantes et imprévues.
La table des métaux de l’allomancie : chaque métal confère un pouvoir précis et utilisable jusqu’à ce qu’il soit consommé par le corps. La variété des métaux à utiliser permet des combinaisons parfois très intéressantes et imprévues.

Les couleurs et le souffle vital dans Warbreaker, les mystérieuses pierres précieuses organiques et les « spren » des Archives de Roshar, le système d’écriture de symboles magiques dans Elantris et l’allomancie de Fils-des-Brumes : chaque nouveau livre renferme sa part de mystères et présente un système de magie inédit et intéressant, dont Sanderson se fera un malin plaisir d’explorer les limites et les possibilités.

Les mondes de Sanderson se paient le luxe fou d’être à la fois novateurs et cohérents, deux qualités très courues dans un genre littéraire qui publie chaque année une masse indigeste de titres dont l’originalité laisser parfois à désirer.

[divider]L’univers[/divider]

L’univers de Brandon Sanderson est assez unique et dépeint des mondes où la nature est extrême, voire parfois carrément dangereuse. Loin des forêts merveilleuses où gargouillent des ruisseaux d’eau pure, Sanderson crée son environnement à l’image de ses personnages : contrastés et authentiques. Des Plaines Brisées de Roshar aux brumes oscures constantes de Luthadel, suivez les personnages de Sanderson au coeur de milieux parfois hostiles, mais toujours originaux et à nul autre pareil.

La carte de Roshar.

L’univers de Sanderson est aussi peuplé de créatures plus ou moins intelligentes, adjuvantes, mystérieuses ou bien désireuses de se mettre un morceau d’humain sous la dent. Le monde de Roshar est par exemple peuplé de « spren » sorte d’émanations des émotions humaines sous des formes et des couleurs variées, parfois animées de leur propre volonté et faisant de ce monde un univers magique, énigmatique et légèrement inquiétant à la fois.

L’oeuvre de Sanderson est aussi traversée par une sorte de présence divine intéressante car la figure de « Dieu » se manifeste en fait par une volonté capable d’errements ou animée de désirs parfois discutables, servant ses propres desseins. Au lieu d’être dans la verticalité, où ce personnage omniscient serait au-dessus des hommes, la déité peut se rencontrer à des endroits insolites, dans la nature et se voir être remise en question au fil d’une quête humaine de justice, posant plus de questions que cette rencontre plus ou moins mystique n’apporte de réponses.

[divider]Les valeurs[/divider]

Les valeurs de Sanderson sont avant tout des valeurs d’écriture : il est passionnant de voir cet auteur poser des principes précis de Fantasy pour ensuite en explorer les limites, sans jamais se contredire ni prendre l’écriture pour un monde où il est possible de faire n’importe quoi. Bien au contraire, Sanderson se plaît à faire évoluer les pouvoirs de ses personnages et leurs possibilités au sein même de limites définies, pour ensuite mieux retourner totalement la situation (on pense notamment à la fin géniale de Fils-des-brumes), et montrer au lecteur les implications insoupçonnées de principes a priori simples et anodins.

À l’instar des trois lois de la robotique d’Isaac Asimov, les trois lois de la magie (et qui sont également des lois d’écriture) posées par Sanderson sont les suivantes :

1. « La capacité d’un auteur à résoudre un conflit de manière satisfaisante en ayant recours à la magie est directement proportionnelle à la compréhension du lecteur de la dite magie. »

En d’autres termes, les choses doivent toujours être très claires entre vous et l’auteur, et si la magie est un outil scénaristique certain pour faire évoluer l’histoire et débloquer des situations où le héros se retrouve face à une difficulté, Sanderson ne vous sortira pas de nouveaux pouvoirs ou des possibilités extrapolées de derrière les fagots pour s’en sortir.

2. « Limites > Pouvoirs »

À savoir que pour un auteur, il doit toujours être plus intéressant de développer les failles et les faiblesses de ses personnages plutôt que de les présenter comme des monstres de puissance, systématiquement capables de vaincre les difficultés qui se présentent à eux.

3. « Développez ce que vous avez déjà avant d’ajouter quelque chose de nouveau. »

Ce principe, relativement simple à comprendre, signifie qu’il vaut mieux, en tant qu’auteur, approfondir ce qui a déjà été mis en place plutôt que d’aller chercher une profusion d’éléments nouveaux. Ceci est, pense Sanderson à juste titre, le travers dans lequel tombent de trop nombreux auteurs de Fantasy : trop de construction de monde et pas assez de soins apportés à l’écriture.

Mais les valeurs de l’univers de Sanderson sont aussi celles de ses personnages. Nés dans des mondes où règne l’injustice et les différences de castes (un point récurrent chez l’auteur), il est impossible de ne pas être ému par des personnages tels que ceux de Kelsier (Fils-des-Brumes) ou Kaladin (Les Archives de Roshar), qui sont empreints d’un sens aigu de la justice qui donne envie d’avoir foi en l’humanité.

En effet, s’ils doutent parfois et trébuchent souvent, les personnages de Sanderson évoluent et grandissent au fil de leur combat avec une détermination et une intelligence accrues, et après avoir lu le récit de leurs aventures, vous reposerez votre livre avec les yeux brillants et le coeur gonflé d’espoir tant leur récit entre en résonance avec notre monde à nous.

« So long as it is right. » Kaladin Stormblessed dans Les Archives de Roshar.
(© krhart)

[divider]Action et points de vue[/divider]

L’action ne manque pas chez cet auteur comme dans la plupart des livres de Fantasy : à quoi servent les pouvoirs magiques si ce n’est pas pour se castagner un peu avec les obstacles que l’on trouve sur son chemin ?

Là où Sanderson tire son épingle du jeu, c’est dans la grande lisibilité des combats. Visuellement, on n’égare jamais son héros dans l’espace et qu’il soit en plein saut ou déjà au corps-à-corps avec l’ennemi, l’écriture fluide et soignée des affrontements garde le lecteur bien accroché. Duels, scènes de guerre ou aux prises avec des créatures hostiles, l’action rythme le récit et nous tient en haleine. Le mélange savamment dosé d’action, de récit et de questions en suspens donnera aux lecteurs un mal fou à lâcher le livre.

Vin au-dessus de Luthadel dans Fils-des-Brumes.
(© inkthinker)

L’intérêt du lecteur pour l’intrigue s’entretient également par la galerie des personnages et grâce au principe désormais bien connu de la multiplicité des points de vue. Celui-ci vous permettra de suivre des personnages différents au fil des chapitres et à naviguer sur la carte du monde au gré des voyages de ceux-ci. Sazed, Spectre, Siri, Raoden ou Dalinar, et bien d’autres : vous emboîterez très vite le pas à de nombreux personnages pas si secondaires que ça.

[divider]Les héroïnes[/divider]

Le rôle des filles dans la Fantasy est parfois très loin d’être enviable. Cantonnées à des rôles de guérisseuse lorsqu’il faut se battre, de faire-valoir amoureux du héros ou soumises à la menace du viol (ça, c’est le dada de George R. R. Martin, mais Robin Hobb se fera également un plaisir de plaider coupable), la vie de personnage féminin de Fantasy  n’est pas toujours très marrant, et va parfois de pair avec une bonne dose de stéréotypes.

Pas chez Sanderson. Doté d’une conscience aiguë et moderne de la psyché féminine, Brandon Sanderson fait des portraits de femmes où la soif d’indépendance, l’ambition, l’humour, la persévérance et un désir profond de liberté sont les maîtres mots. Loin d’être des personnages secondaires, elles sont parfois le personnage principal de l’oeuvre (Vin dans Fils-des-Brumes) ou font partie intégrante du trio de tête lorsque l’action se conjugue à plusieurs voix (Shallan Davar dans Les Archives de Roshar.)

L’artiste © krhart ne s’y est pas trompé et raconte le moment où il a découvert le personnage de Shallan dans Les Archives de Roshar : « Elle était réellement compétente. Compétente, et crédible. »

Toutes les héroïnes de Sanderson sont des personnages à part entière : loin d’être « complétées » par l’ajout d’un partenaire mâle, ses personnages féminins sont autonomes, indépendants et forts dans leur individualité. Sanderson fait de ses héroïnes des personnages puissants, intelligents, compétents, libres et audacieux : un véritable bol d’air dans la Fantasy et un sain chamboulement des rôles attribués aux femmes dans la littérature en général.

[divider]Pour aller plus loin[/divider]

Une écriture fluide, de l’humour, des personnages intéressants et aboutis, de l’action, de la magie et une construction littéraire solide, Brandon Sanderson est le genre d’auteur dont notre seul regret est de ne pas l’avoir découvert plus tôt. Foncez chez vos libraires et préparez-vous pour un voyage fantastique.

Bonus 1 : Les trois lois de magie de Sanderson, expliquées par l’auteur lui-même, en anglais dans le texte.

loi 1
loi 2
loi 3

Bonus 2 : Suggestion d’ordre de lecture.

Elantris : le premier roman de Sanderson, court et en un seul volume, idéal pour commencer.

Fils-des-Brumes : la trilogie, si l’on a aimé Elantris, plus aboutie et incontournable.

Warbreaker : un seul roman, quelques faiblesses dans les personnages mais doté d’un principe de Fantasy très intéressant.

Les Archives de Roshar : à paraître prochainement en français, trilogie toujours en cours (deux tomes sortis sur trois), peut-être l’œuvre la plus ambitieuse de Sanderson.

Cœur d’acier : bonne lecture pour prendre son mal en patience en attendant la suite des Archives de Roshar.

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