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Le Comics crève l’écran

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Le Comics, un genre qui sort du cadre

Les films de super-héros se suivent, se succèdent, se multiplient et se ressemblent un peu (juste un peu). Phénomène en constant essor, l’univers du Comics sera dans les mois prochains encore mis à l’honneur par la sortie de nombreux films supplémentaires célébrant les super-héros de notre enfance. Attrait pour un monde fantastique, petit effet nostalgique, ou tout simplement prouesses techniques de plus en plus accessibles, quelles qu’en soient les raisons, il est désormais quasi impossible d’échapper à cette tendance à la mode du comics. Petit tour d’horizon en quelques traits d’un phénomène qui aime à sortir de sa case.

 

[divider]Comics : The Origins[/divider]

 

Comics, the Origins. Voilà qui ferait le titre efficace d’un prequel de trilogie à succès comme on a pu en connaître un certain nombre ces derniers temps. Alors, le comics, une histoire en plusieurs volets ? La réalité n’est peut-être pas aussi éblouissante, mais il est certain que cet art (le neuvième, selon la classification couramment admise des arts) a connu différentes phases d’évolution et différents âges.

Mais revenons-en aux bases : le comics n’est qu’une version américaine du médium que sont les bandes dessinées par lequel est véhiculé le concept de bande dessinée, à savoir ce fameux 9e art (notion théorisée en France dès 1964, notamment par Morris). Si l’on peut remonter très loin dans l’Histoire pour y retrouver des prémices d’un art narratif, c’est cependant dans les années 1830 que l’on date officiellement la naissance de la bande dessinée, en Suisse, avec les histoires de Rodolphe Töpffer. Cette forme va se populariser et se spécialiser en fonction des cultures d’accueil. On pourra notamment citer les mangas, manhuas et manhwas (pour ce qui est des formes les plus connues) pour le Japon, la Chine et la Corée, mais aussi les comics pour les États-Unis.

 

Monsieur Pencil, par Töpffer : un ancêtre haut en couleurs du comics !

 

Des éditions pirates des œuvres de Töpffer y paraissent pour la première fois en 1842, et c’est en 1849 que paraît la vraie première bande dessinée américaine, Journey to the Gold Digging by Jeremiah Saddlebags, de James A. et Donald F. Read (il faut croire qu’ils étaient pré-destinés). Dès 1903, la tradition du daily strip (une petite bande dessinée d’une bande qui paraît quotidiennement dans un journal) voit le jour, avant de s’imposer en 1907. Il faut cependant attendre 1933 pour que le comic book, que l’on connaît de nos jours sous le nom de comics, fasse son apparition. Dès les années 1960, une nouvelle branche du comics book, le graphic novel, fait son apparition avant de se populariser dans les années 1980 comme une version plus sérieuse de son ancêtre, sans pour autant l’effacer.

Le comics a su depuis s’imposer, et est devenu un art à part entière. La culture et le mouvement Pop art américain s’en sont notamment beaucoup inspiré (et ont aidé à la diffusion massive et à la démocratisation populaire de ce genre), à l’instar de Roy Lichtenstein que l’on connaît tous plus ou moins directement pour ses œuvres exploitant le principe du pointillisme, propre au principe même de l’impression en couleurs, mais de façon exacerbée. Et comme tout art qui se respecte, le comics se compose de très nombreuses branches. Et si le comics est généraliste (humoristique, éducatif, d’information…), puisqu’il s’agit simplement d’un genre artistique qui se différencie simplement de la bande dessinée plus traditionnelle par ses conditions de publication (format, fréquence, étapes, etc) ou des détails d’ordre juridique (propriété des franchises, distribution, etc), il faut cependant reconnaître que seuls le genre fantastique, impliquant super-héros et super-vilains, et le genre anthropomorphique (un bien vilain mot pour dire que les animaux sont humanisés… Comme Mickey Mouse ou Bugs Bunny, par exemple.) se sont réellement imposés dans la conscience collective. Il faut en effet attendre cinq ans pour que maison d’édition américaine du nom de National Allied Publications, qui adoptera bientôt le nom plus connu de DC Comics, mette sur le marché le comic book Action Comics dans lequel un certain monsieur en slip rouge fait son apparition : Superman. Le héros créé par Joe Shuster et Jerry Siegel fait un carton, créant ainsi de nombreuses vocations. L’on pourra ainsi citer la naissance de Batman chez le même éditeur en 1939, ou de Captain America en 1940 chez Marvel Comics (temps de guerre oblige). C’est ensuite dans les années 60 qu’un « Super-héros boom » (à l’image d’un baby boom) aura lieu avec l’apparition de très nombreux noms qui nous sont désormais très familiers.

 

Look Mickey, par Roy Lichtenstein : parce que le comics de situation, ça marche toujours

 

Alors, le comics serait-il la bande dessinée socialement acceptable d’enfants refoulés qui se cacheraient sous le nom de geeks ? Il est certain que la culture dite « geek » est souvent rattachée, de façon plus ou moins glorieuse, à l’univers du comics. Qui ne connaît pas le charismatique Jeff Alberston (le CBG, ou Comic Book Guy) des Simpsons, qui tient une boutique de comics et ne semble vivre que pour ça, ou encore Sheldon, Leonard, Howard et Rajesh, les populaires héros de la série télévisée The Big Bang Theory, dont la boutique de comics du coin semble être leur QG, à l’intar du Central Perk de Friends ? Il faut bien admettre que si les vitrines du comics que nous venons de citer sont très attachantes, une image aussi simpliste de ce phénomène semble un peu réductrice.

En effet, le Comics est à la mode. Je ne parlerai pas du Comic Sans MS, caractère de police que la communauté s’accorde à rejeter, et dont la création puise bien dans l’univers de la bande dessinée. Non, je parle de cette tendance, à la fois élitiste et populaire. En effet, jamais le cours du comics n’a connu une telle augmentation : à raison de 2 à 8 dollars le comic book, il vous faudra cependant débourser pas moins de 1 600 000 dollars pour espérer être le détenteur du premier numéro de Action Comics (souvenez-vous, celui avec Superman). C’est vintage, c’est hype, c’est cher. Et pourtant, en parallèle de ce phénomène, les objets dérivés ne cessent de se multiplier. Qu’il s’agisse de vraies fausses répliques de films, ou simplement du simple sigle d’un super-héro sur une trousse, l’univers du comics est populaire, et de l’ordre de la conscience collective.

 


Mais le symptôme le plus évident d’une popularité quasi épidémique du Comics reste sa transmédialité. Bien sûr, dis comme ça, ce terme aussi bien utilisé dans le marketing que dans l’univers de la fiction et de la narration peut faire peur, mais il résume très bien l’idée qu’un même contenu soit exploité et développé par différents supports. Ainsi, le comics se fait œuvre de musée, par l’intermédiaire de Roy Lichtenstein comme nous le citions précédemment, d’autres ponts moins évidents à première vue, et pourtant légitimes, se sont créés. Ainsi, certains écrivains comme Neil Gaiman (et sans doute beaucoup d’autres, mais à défaut de connaître les autres…) ont décidé de faire porter certaines de leur œuvres sous la forme graphique, voire à ne les créer que sous cette forme. On pourrait citer son livre Coraline (que certains connaissent peut-être pour son adaptation « cinématographique » par Henry Selick) qui est aussi sorti sous la forme d’un roman graphique, mais surtout Sandman, qui regroupe presque 2 000 pages publiées en près de 7 ans, et qu’il scénarise en même temps qu’il écrit des romans. Certains jeux vidéo ont même fait l’objet d’une adaptation en comics (avant de faire l’objet d’une adaptation cinématographique et littéraire) à l’instar de la licence Resident Evil. Car l’exemple le plus flagrant de ce lien entre le comics et les autres supports reste tout de même l’adaptation de nos héros sur écran…

 

[divider]Des comics à cran[/divider]

 

Ces dernières années ont en effet été très prolifiques du point de vue des adaptations de cet univers tout droit sorti de nos livres d’images, et il faut dire que l’évolution constante de la technologie est telle que les univers recréés sont de plus en plus crédibles, et les possibilités se multiplient. Et pas seulement sur grand écran.

Cela fait en effet des années que les écrans de télévisions nous proposent de nous replonger, généralement le matin, à l’heure du midi, ou vers le retour des cours, dans l’univers coloré et dessiné des super-héros. Il faut dire que nos petites têtes blondes (ou rousses, ou brunes, ne soyons pas sectaires) s’épanouissent devant des Batman, Spiderman et autres machin-men en puissance. Il serait bien fastidieux (et inutile) d’en faire une liste exhaustive, mais la chose intéressante à noter est la translation effectuée par ces différents univers depuis le monde du dessin animé dans le domaine de la série pour jeunes adolescents voire adultes. Si la série Smallville, qui se proposait de nous faire découvrir l’adolescence de l’homme au slip le plus célèbre du monde, semblait bien rafraîchissante à l’aube des années 2000, au milieu des sorcières et tueuses de vampires, nombreuses sont désormais les séries à vouloir mettre en scène ou expliquer la vie de nos héros : Arrow, The Flash, Gotham, ou encore Constantine, dans un autre genre… Difficile d’y échapper. Et les différents réalisateurs et producteurs auraient tort de se priver : le pilote de Gotham, série suivant le début de la carrière de l’inspecteur James Gordon et des futurs méchants de Gotham City, aurait été suivi par plus de 8 millions de téléspectateurs américains, en troisième position après The Big Bang Theory et The Voice. Outre l’univers familier auquel les spectateurs accrochent facilement, ce genre de séries a pour avantage un grand champ des possibles. Passé, avenir, présent alternatif, cross-over entre deux voire plusieurs séries… Les réalisateurs n’ont pour limite que leur imagination. Ou presque.

 

Gotham, la série pas très halal à consommer sans modération

 

Mais il serait difficile de parler de l’adaptation sur écran de l’univers du comics sans nous intéresser au cinéma. Les années 2000 auront engendré leur lot d’adaptations sur grand écran. Je ne vais encore une fois pas vous en faire la liste : vous en avez sans doute vu la plus grande partie, et cela n’aurait pas grand intérêt. Il est cependant intéressant de voir que les licences sont exploitées jusqu’à la moelle : ainsi, l’on compte déjà (quasiment, à quelques mois près) deux films sur les Avengers, et deux autres films sur notre petite troupe de héros sont prévus pour 2018 et 2019. Et c’est sans compter les films mettant en scène individuellement les héros de Avengers, comme les trois Iron Man, les deux Thor, et les deux (bientôt trois) Captain America. Et je ne parle ici que de l’adaptation des œuvres Marvel : du côté de DC Comics, l’on pourrait notamment citer toute la série autour de Batman. Mon dieu, aurais-je oublié de parler de Spiderman ? Et de la franchise X-Men (et de ses héros) ? Et les 4 Fantastiques, on en parle ? … Je pense que vous avez compris où je voulais en venir. Les plus grandes stars se prêtent au jeu, ou alors se servent de ces films comme tremplin. Avec la fanbase à leur actif, tout film est assuré de connaître un beau succès (au point que l’on a parfois trois voire quatre volets). Il suffit en effet à chaque fois de trouver un méchant toujours plus méchant, et une situation toujours plus apocalyptique, et le tour est joué ! Bon, j’exagère peut-être un peu, mais la recette est globalement plutôt sûre. La preuve ? C’est désormais les super-vilains que l’on met en scène, dans le prochain Suicide Squad à venir.

Mais il serait réducteur, une nouvelle fois, de limiter l’impact du comics à l’art visuel, la littérature, le cinéma ou la télé. Un autre petit (ou pas, remarque) écran s’est emparé du phénomène : le jeu vidéo fait lui aussi la part belle aux comics. Bien sûr, les sorties de ces titres sont peut-être un peu moins médiatisées, mais il ne faudrait pas jeter aux oubliettes des franchises comme Batman : Arkham City, des adaptations de Watchmen, Hellboy, Aquaman (non, on ne ricane pas), Deadpool, (et plein d’autres titres encore basés sur les univers de Marvel et DC Comics que je ne citerai pas), ou même des licences jouant un peu moins sur la vague « super-héro », mais toujours issu du comic book, comme peut l’être The Walking Dead. Là encore, les éditeurs comptent sur la fidélité des fans, qui assure une bonne communication et une attente certaine, et sur la familiarité de l’environnement. Et le plus fort reste cependant selon moi LEGO Marvel Super Heroes – je ne pouvais pas ne pas en parler – , l’adaptation en 2013 en un jeu vidéo de l’univers Lego lui même basé sur l’univers de Marvel (sans parler du film La Grande Aventure Lego, toujours dans cette idée de media-ception), qui montre à quel point le filon n’est pas prêt de s’assécher.

 

C’est bon pour l’ego

 

Tous les titres sont loin d’être des chefs-d’œuvre, mais ils ont le mérite d’entretenir un attrait et une attente constante vis à vis d’un univers qui se révèle être une poule aux œufs d’or transmédiatique. Le Comics se révèle être une source intarissable qui fait l’objet de la sympathie du public. Qu’il soit l’origine ou le but, le Comics a encore de beaux jours devant lui.

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