Sony réécrit la mode avec sa FES Watch
Vendredi dernier, Wall Street Journal répondait, sans doute avec une pointe de fierté, à la question « Qui est à l’origine du projet Fashion Entertainments et de l’E-paper FES Watch, une montre en papier électronique ? ». Mais la vraie question est selon moi « Des montres en papier électronique ? Wuut ? ». Découvrons donc un peu plus en détails le dernier bijou estampillé Sony dans l’air du temps.
[divider]Eph is waitching you[/divider]
Avant d’être le bébé de Sony, cette fameuse FES Watch, dont le nom seul semble en lui-même révolutionnaire, est avant tout le fruit de Fashion Entertainments, dont le but est de réfléchir à l’utilisation du papier électronique dans le monde de la mode et de ses multiples produits. Si nous parlons ici de montres, on pourrait tout aussi bien parler nœuds papillon, montures de lunette, des accessoires pour chapeaux, et j’en passe.
Loin de nier la paternité du produit, Sony a souhaité faire preuve de discrétion par simple modestie (ou du moins, une certaine forme d’objectivité). En effet, c’est sous la forme d’un crowfunding presque anonyme (sous le simple nom de Fashion Entertainments) que le projet a fait son apparition en septembre dernier sur le net. Et sur les 2 millions de yen (soit environ 14 000€) demandés, c’est près de 3,5 millions de yen (soit environ 24 000€) qui seront proposés par quelques 150 supporters, l’objectif initial ayant été atteint en trois semaines à peine. Pari réussi pour ces montres next generation qui semblent avoir trouvé un marché plus que prometteur.
Mais quel est donc cet objet miracle, qui semble calmer la faim dans le monde et ramener les gens d’entre les morts (bon, d’accord, quand même pas) ? Voilà un petit aperçu de la chose.
Toutes ces montres ne sont qu’un seul et même modèle, dont le motif peut être décliné – comme cela peut être montré dans la vidéo que vous pouvez retrouver en haut de l’article
[toggler title= »Pour ceux d’entre vous qui, comme moi, ne comprendraient pas et ne parleraient pas couramment le japonais, voici une petite traduction qui devrait vous éclaircir les idées.
» ] Bonjour à tous, ici Yûki Sugiue, de Fashion Entertainment. Nous allons lancer un écran digital, conçu pour correspondre à une nouvelle vision, plus ludique, de la mode. Nous voulons faire de la mode quelque chose de plus libre, et plus amusant. Notre premier modèle en ce sens est la FES Watch. La FES Watch dispose d’un écran ainsi que d’un bracelet en e-Paper. Avec sa technologie d’affichage digital, le corps entier voit son design changer et l’heure apparaît à l’écran. Vous pouvez choisir parmi 24 motifs différents avec la fonction de recherche. Le motif se transforme et se modifie. Ainsi, n’hésitez pas à essayer cette nouvelle façon de s’amuser avec la mode. Dans le futur pas-si-lointain que nous imaginons, il sera possible de s’amuser en personnalisant de nombreux objets au moment et de la façon que vous voudrez. Changez de forme, changez de couleur. Avec la montre digitale, faisons une mode plus libre, plus ludique, voilà notre souhait, à Fashion Entertainment. Pour notre premier pas vers sa réalisation, nous nous lançons dans la production de la FES Watch. Tous ensemble, continuons à construire le mode de vie de demain. En avant ![/toggler]
Ce qu’il faut donc retenir, c’est que la FES Watch est une montre à base de papier électronique dont le motif peut donc varier puisqu’il « s’imprime » d’un simple clic sur le bracelet et le cadran. Et pour ceux qui s’interrogeraient tout de suite de la longévité de sa batterie et de son autonomie, pas d’inquiétudes : elle s’active et se recharge grâce aux mouvements de notre bras et donc grâce à l’énergie cinétique que nous produisons. Regarder l’heure produit ainsi suffisamment d’énergie pour permettre le fonctionnement de votre FES Watch. Changer de montre devient un jeu d’enfant, mais surtout peu coûteux. C’est-y pas beau la mode – euh, la technologie ?
[divider]Papy il est tonique[/divider]
Au cœur de cette nouvelle mode à venir, donc, le papier électronique, ou E-paper. Comme tout bon produit de son temps, c’est LE papier avec un grand E. Si le nom ne vous inspire pas et ne vous dit rien, vous avez cependant a priori déjà croisé ce produit : liseuses électroniques, cartes à puce, et même téléphone portable (si si, prenez le Motofone de Motorola par exemple) en sont équipés.
Pour les impies, sachez que le papier électronique est un support souple dont le contenu affiché peut être modifié électroniquement. D’apparence semblable à un texte imprimé traditionnel, il n’a pas besoin d’énergie pour afficher son contenu, seulement pour le modifier. Mais sa grosse caractéristique, qui fait de lui le sauveur de ses lecteurs virtuels, c’est bien le fait qu’il soit purement réflectif – à l’image du papier traditionnel : en clair, pas de rétroéclairage comme les tablettes que l’on peut connaître et qui à la longue nous détruisent la rétine et pas de problème de reflets du soleil sur notre écran. En voilà du papier qui fait notre bonheur !
Le premier papier électronique aurait été développé en 1970, par Nick Sheridon, et portait le doux nom de Gyricon. Il se basait sur le principe de l’affichage électrophorétique, un terme bien vulgaire et fort pompeux pour signifier, en gros, que la polarité de la tension qui parcourait le produit (positive ou négative) déterminait quelles particules chargées (positivement pour les pigments blancs, et négativement pour les pigments noirs) restaient à la surface et donc devenaient visibles. Cette technique est toujours d’actualité, bien qu’elle ait été davantage développée, poussée et déclinée entre deux.
L’autre grande technique consiste en l’utilisation de cristaux liquides bistables, et est aussi connu sous le nom de rupture surfacique d’ancrage. Ces cristaux possèdent deux états stables, « uniforme » (U) et « twisted » (T), qui correspondent donc à blanc ou noir, vous vous en doutez, et desquels on peut aisément passer à l’aide d’un signal électrique, l’impulsion électrique éloignant de la surface du produit les molécules en question par une rupture des ancrages. La forme de l’impulsion détermine donc l’organisation des molécules à l’état U et T, et donc le motif affiché.
Dernier petit détail technique que l’on peut souligner, et qui n’est pas forcément évident à première vue, notamment du côté des liseuses, est qu’il existe aussi du papier électronique polychrome (ou coloré, si vous préférez). Un filtre optique coloré est ajouté (par superposition) au papier monochrome obtenu par l’une ou l’autre méthode citée précédemment, et par un système de quadrillage de pixels à base de cyan de magenta, de jaune et de noir, on obtient des couleurs !
Mais maintenant que nous avons répondu à la question « Qui ? » et à la question « Quoi ? » subsiste une question : « Quand ? ». Eh bien la FES Watch serait disponible – pour les gens qui l’auraient pré-commandée – dès mai 2015. Il est temps de régler votre montre !
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