League of Legends, Counter-Strike, Overwatch, Street Fighter… pas en phase avec les valeurs olympiques

 

Nous vous en parlant il y a peu : l’intégration de l’e-sport aux Jeux Olympiques de 2024 à Paris était devenu une possibilité. En effet, Tony Estanguet, coprésident du comité de Paris 2024, avait ouvert la porte aux acteurs de cet univers en pleine expansion afin de discuter d’une discipline olympique mettant en scène certains jeux d’e-sport devenus incontournables. Si nous avions parlé des difficultés économiques et éthiques que cela posait, Thomas Bach, président du Comité international olympique a pu refréner quelques ardeurs dans un entretien accordé au South China Morning Post.

 

Ah mes yeux, quelle violence. Je préfère retourner voir Mayweather latter la tronche d’un Irlandais.

 

« Nous voulons promouvoir la non-discrimination, la non-violence et la paix parmi les gens »

 

Le médaillé d’or par équipe lors de l’épreuve de fleuret en 1976 explique que les jeux vidéo prônant la défaite de l’adversaire par un kill n’épousent pas les valeurs de l’olympisme. « Nous voulons promouvoir la non-discrimination, la non-violence et la paix parmi les gens. Cela ne correspond pas aux jeux vidéo, qui s’organisent autour de la violence, des explosions et des tueries. Et nous devons tracer une ligne claire » explique l’Allemand. Si la justification paraît datée d’un autre siècle, elle fait néanmoins sens et promeut une certaine valeur de l’olympisme.

Dans la réalité, c’est autre chose, surtout quand on sait les déboires et les problèmes d’ordre économique et social que pose l’organisation des Jeux Olympiques dans un pays tel que le Brésil en 2016. Mais ceci est un autre débat. Néanmoins, Thomas Bach n’exclue pas totalement la possibilité de voir un jour les jeux vidéo au programme des JO : « les jeux vidéo d’e-sport qui copient les sports de la vraie vie – comme le football ou le basket-ball – pourraient être reconsidérés pour les JO, mais ceux qui incluent de la violence gratuite et des effusions de sang vont à l’encontre des valeurs olympiques ».

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La réalité avant tout

 

Et enfin d’ajouter : « si des joueurs s’affrontent sur un jeu de football virtuel ou jouent à d’autres sports virtuellement, cela serait d’un grand intérêt. Nous espérons que ces joueurs rendent des performances sportives de haut niveau. Si les fans voulaient jouer à ces sports dans le monde réel grâce à cela, nous serions encore plus heureux ».

L’écart de générations semble réel face au vocabulaire utilisé par le président du CIO. De plus, il paraît réducteur de n’inclure que les simulations de sport « réels » quand on pense à certains jeux qui paraissent beaucoup plus divertissants que FIFA 17 ou NBA 2K17. Rocket League faire la part belle au spectacle tout en restant très accessible et impressionnant à la fois. Et puis, n’est-ce pas l’un des buts de l’e-sport que de proposer un spectacle différent du sport traditionnel ?

 

Rocket league, pas violent, mais pas assez réel pour les JO
Mais ce n’est pas un jeu de la vraie vie !!

 

L’industrie du jeu vidéo remise en cause

 

Mais le président ne s’arrête pas là et pointe des problèmes qui ne souffrent d’aucune contestation : « les discussions sont en cours. Cela prendra du temps parce que cette industrie se façonne d’elle-même. C’est une industrie prospère, mais elle n’est pas encore établie de façon organisée ». Il fait également référence à ce dont nous vous parlions dans notre premier article, à savoir la difficulté de généraliser les règles : « vous devez avoir quelqu’un qui garantisse que ces athlètes ne sont pas dopés, qu’ils suivent des règles techniques spécifiques et qu’ils se respectent mutuellement ».

Et quand on connaît les conflits d’intérêt entre les grosses boîtes qui voudraient se tailler la part du lion, il est difficile d’être optimiste pour la suite. D’autant plus que les autres règles du CIO pour l’instauration d’un nouveau sport aux JO sont très sévères…

 

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2 Commentaires

    • On peut effectivement trouver cela ironique, surtout quand c’est dit par un escrimeur, mais on peut aussi comprendre qu’il distingue des sports possédant des règles pour imposer le respect de l’intégrité physique et morale de son adversaire de jeux dont l’objectif est de donner la mort. Après, il est évident qu’avant de faire leur choix, les membres du comité olympique devraient assister tout de même à quelques championnats d’e-sport pour se rendre compte de l’excellente ambiance qui y règne souvent, cela pourrait être pour eux l’occasion de comprendre un peu ce dont ils parlent avec les préjugés d’un autre âge, en même temps (comme le dit très bien l’auteur de l’article) que de découvrir qu’il existe des jeux non-violents, multijoueurs et pouvant donner lieu à des championnats mondiaux. Tout le problème serait ensuite de choisir un jeu en particulier sans donner trop l’impression de favoriser une compagnie, ou de figer dans l’éternité un jeu récent qui peut être appelé à être supplanté. Le comité pourrait créer son propre jeu pour y remédier, mais alors rien ne garantirait qu’il susciterait l’enthousiasme comme les jeux existant déjà, et les exigences évoluant avec le temps, rien ne garantirait que ce jeu ne tombe pas non plus en désuétude. Bref, le comité ne manque pas d’arguments pour ne pas intégrer les jeux vidéo, mais il faudrait qu’ils emploient les bons plutôt que de prouver à chaque mot qu’ils prononcent qu’ils ont des décennies de retard…