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Casual, la (petite) série qui vous accroche

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Casual : élégance et désinvolture – Critique

 

Samedi soir. Les dernières chaleurs de la journée subsistent en une vague lumineuse propice à lézarder sur son canapé, le corps amolli par l’envie de s’allonger dans sa moelleuse douceur mais l’esprit alerte, avivé par le manque d’activité intellectuelle féroce qui anime habituellement une bonne journée de travail. On attrape la télécommande comme par réflexe, on zappe. Pas assez fatigué pour se laisser séduire par les sirènes de programmes idiots, mais d’humeur insuffisamment peu sérieuse pour aller franchement taquiner Arte et autres documentaires engagés. Ce que réclame votre esprit embrumé par l’envie d’un bon grignotage coupable, c’est du divertissement, quelque chose d’efficace, qui vous détendra, vous changera les idées sans vous plonger dans les affres de la bêtise humaine. Soudain, votre œil s’arrête sur un titre. Inconnu au bataillon, visiblement US, au synopsis assez vague pour que vous ne sachiez absolument pas à quoi vous attendre, tout en ayant un résumé assez mince du pitch de la série. C’est finalement la durée affichée de 24 minutes qui vous convainc : suffisamment courte pour ne pas avoir la sensation de totalement perdre votre temps en vous essayant à quelque chose de rigoureusement inédit, cela vous apparaît néanmoins comme un compromis audiovisuel raisonnable pour votre cerveau en mal de nouveauté. Votre doigt s’aventure sur la touche Lecture…

Casual est une série américaine, diffusée pour la première fois en 2015 sur le service de streaming Hulu. Comédie dramatique de deux saisons, composées de dix épisodes de 25 minutes, la série, créée par Zander Lehman et réalisée par, entre autres, Jason Reitman (Juno, Thank you for smoking, In the air), la série ayant adopté l’idée de réalisateurs différents selon l’épisode de la série, Casual raconte l’histoire de Valérie, psychologue de son état, fraîchement divorcée, qui s’installe chez son frère, Alex, avec sa fille Laura. Sous ces dehors a priori frivoles des quartiers huppés de L.A se cache en fait un récit assez complexe, fait de subjectivités en prisme – la série suivant les tribulations des trois membres de la tribu Meyers/ Cole – et de péripéties scénaristiques qui viennent enrichir la trame familiale globale qui s’inscrit d’une saison sur l’autre. Reprenant le flambeau de la très bonne série Togetherness, une série made in HBO auprès de laquelle Casual affiche un certain nombre de similitudes, la série arrive cependant à s’en démarquer par un style bien particulier et un rythme beaucoup plus accrocheur, dont vous pouvez avoir un premier aperçu ci-dessous.

 

https://www.youtube.com/watch?v=s51J9Wv08hY
[divider]Fausses désinvoltures et vrais décalages[/divider]

 

Comme toute bonne série contemporaine qui se respecte, Casual a fait un effort tout particulier du côté de l’écriture de ses personnages principaux, et secondaires. Les premiers, au nombre de trois, forment le triangle familial Alex – Valérie – Laura. Car la famille et les relations humaines sont au centre de la série, et c’est peut-être sa plus grande réussite. Résolument authentique, cette famille, c’est la vôtre : déséquilibrée, angoissée, emplie d’un féroce second degré et donc, nécessairement et extrêmement attachante. Intellectuellement très aboutis mais émotionnellement perdus, la série joue sur la difficulté de ses personnages à nouer des liens durables au sein d’une société pétrie de conventions sociales qui frôlent parfois l’hypocrisie pure et simple et à l’âge où les réseaux sociaux ajoutent de nouveaux rites de passage relationnels difficiles d’accès pour des personnages de l’âge de Valérie. Sans jamais les juger ni les condamner, Casual suit les péripéties relationnelles de ses personnages avec tendresse mais sans illusion. Ce mélange d’authenticité et de très grande élégance dans l’écriture, couplé à un format d’épisode court (25 minutes au compteur) fait de Casual un produit moderne, drôle, rythmé, efficace et visuellement réussi.

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Par moments trop empreinte de sexe – oui, il peut y avoir trop de sexe dans une série, pour peu qu’il apparaisse comme peu justifié – et faisant preuve d’un rythme parfois assez inégal d’un épisode à l’autre, la série donne le meilleur d’elle-même dans les petits détails scénaristiques qui donnent un rendu finalement très réaliste. Comment se fait-on de nouveaux amis à Los Angeles quand on a 40 ans ? 17 ans ? Comment gérer des parents aussi irrationnels qu’immatures ? Comment cacher à un monde complètement névrosé qui affiche une normalité fêlée ses propres névroses ? Comment mener un premier rendez-vous amoureux sans se heurter trop brutalement à l’altérité compacte de l’autre ? C’est ce genre de questions qui obsède l’écriture de Casual, dans un monde où, fidèle au titre de la série, on affecte une désinvolture de façade face aux angoisses existentielles d’un quotidien moderne. La série joue merveilleusement bien la carte de l’étrangeté et de l’absurde, ce sentiment bizarre de ne jamais être à sa place et de décalage total avec les réalités mondaines qui régissent nos vies sociales. Sarcastique et (im)pertinente, versant parfois joyeusement dans la satire sociale, Casual est ce genre de série dont on se lasse difficilement.

Trop réaliste pour ne pas immédiatement toucher dans le mille, Casual est une série attachante et attachée, à l’écriture élégante et efficace et dotée d’une excellente interprétation de la part de ses acteurs. Son format court de vingt-cinq minutes par épisode fait que la série ne perd jamais en mordant, malgré quelques errements scénaristiques qui la desservent parfois. Une très bonne surprise dans l’ensemble : la série affiche actuellement un beau 88% sur Rotten Tomatoes et une troisième saison en cours de production pour l’année 2017. Amen.

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