Vous avez sûrement croisé, au détour de nos pages, un certain professeur d’étymologie adepte de champignons, qui nous a dévoilé au fil des semaines de façon plus ou moins sérieuse les origines respectives des mots geek et meme. L’apparition de l’honorable professeur Teemo en tant qu’autorité de la science de l’origine des mots ne pouvait qu’augurer le beau mariage du jeu League of Legends et de l’étymologie, que nous allons nous faire un plaisir de consommer plus avant dans l’article qui va suivre.

L’article qui suit ne se propose pas d’établir une liste exhaustive d’Aatrox à Zyra, mais plutôt de vous présenter dix exemples de noms de champions de LoL permettant d’apprécier à leur juste valeur les influences et la richesse des origines étymologiques des Champs de justice. Que l’étymologie soit mythologique, linguistique ou littéraire, Cleek vous offre un aperçu tout en couleurs de dix étymologies emblématiques à l’œuvre derrière la création des champions de League of Legends. En route pour un voyage au pays des noms !

 

[divider]Le vivier de la mythologie [/divider]

 

La mythologie, et dans une moindre mesure l’histoire, offrent une réserve inépuisable d’inspiration pour les créateurs de champions de League of Legends. La mythologie gréco-romaine figure bien sûr en bonne place dans le panthéon des muses des concepteurs. Invoquons sans plus tarder une émissaire de la famille Du Couteau (non, pas elle, l’autre) au regard stupéfiant, à la démarche aussi sensuelle que sinueuse, et répondant au doux nom de Cassiopeia.

 

Cassiopeia par ©MutantDesigns sur DeviantArt
Cassiopeia par ©MutantDesigns sur DeviantArt

 

Avant d’être la constellation bien connue en forme de « W » dans le ciel, Cassiopeia ou « Cassiopée » est, dans la mythologie grecque, une reine d’Éthiopie contrainte de sacrifier sa fille Andromède, qui sera finalement sauvée par Persée, revenant tout juste de son combat victorieux contre la Méduse. Dans un amalgame de ces deux entitées, la Cassiopeia de LoL hérite du nom de la reine mais des facultés mortelles de la gorgone Méduse, capable de pétrifier les mortels qui s’aventureraient à croiser son regard. Ces facultés pétrifiantes deviennent donc celles de Cassiopeia, ainsi que le poison propre à sa nature de femme-serpent, autre référence à la Méduse qui avait, entrelacés dans sa chevelure et dans une allitération célèbre de Racine, des serpents sifflant sur sa tête.

Restons sur la midlane avec un autre champion dont le nom dérive de façon assez évidente de la mythologie romaine cette fois, avec le Mépris de la Lune, ou plus simplement Diana. Diane, en devenant l’équivalent, par syncrétisme, de la déesse grecque Artémis, est dans la mythologie romaine la déesse de la lune et de la chasse, farouche et sauvage, mais aussi la sœur du dieu Apollon, maître de l’astre solaire. Diana empreinte ainsi à la déesse Diane le lien symbolique avec l’astre lunaire et familial avec Leona, qui représente les Solari, mais aussi l’incapacité à coexister avec cette dernière. En effet, dans la mythologie gréco-romaine, quand le char d’Apollon disparaît avec le soleil, vient le règne de la déesse Diane.

 

Morgana par © InstantIP sur DeviantArt
Morgana par © InstantIP sur DeviantArt

 

Une autre mythologie tout aussi européenne a pu inspirer la création du champion connu sous le nom de Morgana, ange déchu et évocation de l’univers d’Arthur et les chevaliers de la Table ronde. Dans la légende arthurienne, Morgane est l’élève du magicien Merlin, et ses pouvoirs, ambivalents, lui permettent de guérir, ou de tuer. On retrouve cette ambivalence chez Morgana, dont le Bouclier noir peut protéger un allié, tandis que son Sombre dessein peut mener à la mort lorsqu’il est bien placé. Le personnage de la fée Morgane n’est, dans l’œuvre de Chrétien de Troyes, pas malveillant au départ, mais deviendra par la suite l’ennemie de son demi-frère le roi Arthur, dans une similitude frappante avec l’ange déchu Morgana en lutte contre sa sœur Kayle. Tout comme elle, Morgane cherche à assouvir une vengeance, et n’hésitera pas, pour se faire, à employer ses puissants pouvoirs.

Le but de cet article n’étant pas de les citer tous, on se contentera de mentionner notamment Darius, dont le nom pourrait provenir du roi de Perse Darius III, commandant des armées et ennemi mortel d’Alexandre le Grand, mais aussi Ahri, référence au renard à neuf queues japonais à l’origine du personnage de Naruto et du pokémon Feunard, et, finalement, Olaf, un nom d’origine scandinave, qui a refait surface à l’occasion du dessin animé La Reine des Neiges et qui a été porté par toute une série de rois de Norvège, de Suède et du Danemark.

 

[divider]Les emprunts aux langues étrangères[/divider]

 

La science étymologique de League of Legends ne se limite pas à des références à la mythologie, et ce, pour notre plus grand bonheur. Plusieurs noms de champions peuvent facilement être traduits : ainsi Mordekaiser serait, en allemand, l’ « empereur des assassins » quand un autre empereur nommé Azir se réfère au titre arabe de « wazir ». Les possibilités de traduction de noms sont nombreuses, quand le nom ne se réfère pas tout simplement à la langue d’origine de par sa sonorité.

 

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Nami par © Shiso sur DeviantArt
Nami par © Shiso sur DeviantArt

 

À l’instar du personnage de One Piece,le nom de Nami rappelle la mer, puisqu’il signifie tout simplement « vague » en japonais (なみ 波). Une information pas nécessairement surprenante lorsque l’on considère que le mot appartient à un emprunt bien connu à la langue japonaise en français : le tsunami. Comme à l’accoutumée, les concepteurs de Riot s’illustrent par la cohérence du champion avec son nom : Nami l’Aquamancienne est ainsi une sirène (Mythologie, es-tu là ?) dont la capacité ultime est un… tsunami. La boucle est bouclée.

Autre occurence plus nordique d’un emprunt linguistique en guise de nom, Brand signifie « feu, incendie » en suédois, mais rien que de plus normal quand on est soi-même un talentueux pyromancien.

Les deux autres exemples de la catégorie « emprunts linguistiques » tiennent plus de l’association d’idées que de la traduction directe, bien que le nom ait toujours un sens précis dans sa langue d’origine. Ainsi, le nom de Nautilus est la transcription latine du mot grec ναυτίλος signifiant « marin », mais ce nom, infiniment riche, peut également cacher une référence au nautile, ou encore au roman de Jules Vernes Vingt mille lieues sous les mers, référence explicitée par le skin « Nautilus des abysses ».

Autre référence plus ou moins directe aux facultés du champion concerné, Twitch, mot anglais se traduisant par « tressaillement » est un choix intéressant dans la mesure où le Semeur de peste est bien entendu porteur de maladies, un élément qui se retrouve tout au long de son kit, lequel tourne autour des champs lexicaux de la contamination et du poison. Dès lors, ce « tressaillement » prend tout son sens : c’est la saccade brusque et incontrôlée d’un corps soumis à un virus mortel. Bien joué, le rat.

 

[divider]La littérature dans les noms de League Of Legends[/divider]

 

Dernière catégorie d’influence artistique intervenant au cours de la génèse de nos dangeureux champions : la littérature est bel et bien présente dans l’étymologie des noms de LoL, au risque d’en étonner plus d’un. De la littérature, oui, mais pas n’importe laquelle : de Jules Verne, que nous avons cité précédemment, aux auteurs à venir, force est de constater que les genres de la Fantasy et du fantastique se taillent la part du lion.

Ainsi, dans la désormais célèbre trilogie de Fantasy À la croisée des mondes, de Phillip Pullman, apparaît le personnage d’Iorek Byrnison, un ours en armure originaire du Svalbard et représentant de la race des Panserbjørne. Un mot que l’on peut décomposer en suédois en pansar « armure », et björn, « ours », soit littéralement : ours en armure, et qui a probablement mené la réflexion autour de la conception du champion Volibear.

 

Iorek Byrnison, tel qu'il a pu être représenté dans le film adapté des livres.
Iorek Byrnison, tel qu’il a pu être représenté dans le film adapté des livres.

 

Le genre fantastique n’est pas non plus en reste, avec deux références une fois de plus centrales dans la mise au point du concept même du champion et de ses facultés. Ainsi, de façon peut-être assez évidente, Vladimir fait-il référence au comte Dracula : dans le roman épistolaire de Bram Stoker, Dracula, qui se déroule en Transylvanie, le célèbre vampire sévit en buvant le sang de ses pauvres victimes. Nul doute quant au choix du nom Vladimir : sa consonance slave ainsi que sa première lettre font respectivement référence à la Transylvanie de l’Europe de l’est et au V du mot vampire, mais la référence pourrait de fait être encore plus directe que ça. Le personnage qui a inspiré Bram Stoker pour son personnage de Dracula n’était, en effet, autre qu’un certain « Vlad l’Empaleur » !

Si notre dernière référence littéraire n’explique pas tellement le nom du champion, elle s’applique cependant à son concept même. Il s’agit ni plus ni moins d’Orianna, la demoiselle mécanique, et par ailleurs charmante automate. Son concept de créature mécanique est à rapprocher du conte d’Hoffman L’Homme au Sable. Dans ce conte fantastique, en effet, le jeune héros tombe éperdument amoureux de la fille d’un physicien nommé Spalanzani, Olympia (on serait parano, qu’on relèverait le fait que ce nom débute par un O), qui s’avèrera finalement être un automate plus ou moins surnaturellement animée par son père. On retrouve dans le conte les thèmes d’un père un peu « savant fou » qui, obnubilé par sa création, la croit vivante, ainsi que celui d’un automate qui pourrait et désire passer pour un être humain, si ce n’est pour sa froideur mécanique à faire froid dans le dos.

 

[divider]I see what you did there, Riot [/divider]

 

Nous voici arrivés au bout de notre sélection des noms de champions à expliciter. Loin d’être un simple catalogue, car de fait, tous les noms de champions ont une raison d’être et une explication pour le moins passionnante, cet article a cherché à évoquer dans les grandes lignes la richesse de l’étymologie et des influences des noms dans League of Legends, en tant que premier article d’un diptyque plus large sur la symbolique. En vous souhaitant un excellent jeu dans un esprit peut-être plus éclairé sur les Champs de justice !

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