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Les bijoux du cinéma asiatique #2 : Infernal Affairs

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Présentation du film « Infernal Affairs »

Après Departures la semaine dernière, Cleek poursuit son voyage en terre de cinéma et quitte le Japon pour l’île de Hong Kong, où se déroule l’action d’Infernal Affairs. Véritable bijou du cinéma hongkongais, Infernal Affairs est un polar original, rythmé et haletant, et un film incontournable du paysage cinématographique asiatique.

Porté par deux superstars du cinéma asiatique, on retrouve dans le film le bel Andy Lau (Le Secret des Poignards Volants, Les Seigneurs de la guerre) qui a, entre autres, joué aux côtés de Jet Li et manqué de faire une apparition dans Iron Man 3, et le non moins charismatique Tony Leung, égérie du réalisateur Wong Kar-wai, et que l’on a pu admirer dans 2046, In The Mood for Love, Hero, ou, plus récemment, The Grandmaster.

Sorti en 2002, Infernal Affairs a fait l’objet d’une suite, et, victime de son succès, a notamment été adapté par Martin Scorcese qui en a fait un remake américain tout juste quatre ans plus tard, à l’instar de l’adaption récente de Old Boy, sous le titre Les Infiltrés, avec Leonardo DiCaprio et Matt Damon dans les rôles titres. À noter, cependant, que le propos de cet article n’est pas de comparer l’œuvre originale à son adaptation, car il sera ici question d’Infernal Affairs exclusivement.

 

[divider]Un suspense infernal[/divider]

 

Infernal Affairs raconte en effet l’histoire de Yan (Tony Leung), policier infiltré dans les Triades hongkongaises à l’insu de tous. Travaillant sa couverture depuis des années, il évolue dans le milieu dangereux de la mafia et seul le commissaire Wong, son responsable hiérarchique, connaît sa véritable identité. En parallèle, Sam, le chef des Triades, a lui aussi placé une taupe, Ming (Andy Lau) dans la brigade des stupéfiants. Sam et Wong, tous deux conscients de l’existence d’une taupe dans leurs services respectifs, vont tout faire pour démasquer l’intrus et éliminer leur adversaire avant qu’il ne les frappe. La course contre la montre est lancée…

 

Infernal Affairs 2

 

Dès le début, le spectateur est mis dans la confidence et connaît l’identité des deux taupes, alors que leurs milieux respectifs l’ignorent. De la complicité du spectateur naît le suspense du film, car, à tout moment, leur véritable identité risque d’être découverte. D’une séquence de communication en morse à une scène de filature pleine de suspense, Infernal Affairs ne relâche jamais la tension et tient en haleine jusqu’à la fin avec cette terrible question : qui sera découvert le premier ? Et qui tuera l’autre ? Le film, malin, joue avec les nerfs du spectateur en jonglant entre les moments où un simple détail manque de trahir la taupe, les face-à-face entre les Triades et la police ou les scènes où les taupes se croisent sans le savoir. Le réalisme des techniques de police et de la réalité du monde mafieux sert également le suspense du film et contribue à le rendre encore plus crédible.

Car l’intelligence du film, c’est l’empathie créée pour les deux personnages principaux. On admire autant l’abnégation de Yan, qui aurait pu faire une brillante carrière dans la police, mais qui consacre ses compétences à une dangereuse mission d’infiltration qui dure depuis des années, le privant de gloire, de tranquillité, mais aussi d’une vie de famille, que le jeu d’acteur sans cesse sur le fil de Ming, qui est déchiré entre son allégeance aux Triades et la vie respectable qu’il mène et dont il se rend compte, bien qu’elle ne soit qu’une apparence, qu’elle aurait pu être sienne. Le spectateur tremble autant pour le policier que pour le mafieux, tout en ayant la conscience terrible qu’à la fin, il n’en restera qu’un.

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Infernal Affairs Une

 

[divider]Un polar intelligent[/divider]

 

Loin du format américain du cinéma grand public où chaque scène un tant soit peu complexe doit être expliquée ou commentée par un des personnages, Infernal Affairs fait confiance à l’intelligence du spectateur et montre le ballet des dissimulations et des tactiques des taupes sans ressentir le besoin de dispenser des explications ou éclaircissements superflus. L’action n’en est rendue que plus fluide, et le rythme plus dynamique. Chaque détail et chaque scène ont ainsi leur importance, et mènent l’action tambour battant jusqu’au dénouement final.

La question de l’identité des taupes est ainsi abordée de façon subtile, car il n’est pas seulement question de leur nom, ou de leur profession, mais bien de leur identité à un niveau plus profond et plus essentiel. Les personnages, complexes et passionnants, offrent une réflexion sur la difficulté de rester fidèle à ses valeurs et à son identité car, propulsés dans le milieu infiltré, la nécessité de maintenir les apparences devient telle qu’il est un moment où s’opère un glissement des apparences à la réalité de leur vie quotidienne.

Des personnages secondaires tels que le comparse mafieux de Yan ou la compagne de Ming donnent la mesure de cette quête constante d’identité. Sam et Wong sont également des figures de paternité symbolique : on dit bien de la mafia et de la police qu’elles sont une grande famille. Le film s’empare de cet aspect, et tire du récit un propos presque universel de la difficulté d’échapper à son milieu, et qui fait aussi que tout spectateur peut s’identifier à Yan comme à Ming.

Doté d’une mise en scène remarquable, et d’une esthétique toute en déclinaison de bleus, le film prend par moments des allures de tragédie tant ses personnages principaux se retrouvent enlisés dans leurs propres mensonges à leur entourage. L’urgence et la tension, palpable, donnent un sentiment de catastrophe imminente, dans une Hong Kong urbaine qui serait le théâtre moderne mais impuissant du drame qui se joue dans ses rues.

 

Infernal Affairs 4

 

Infernal Affairs est un film intelligent, réaliste, profond et subtil à la fois, une œuvre originale assez unique en son genre à côté de laquelle est complètement passé Scorcese dans son adaptation, et qui mérite, à ce titre, d’être vue et revue pour ce qu’elle est : un film-phare du cinéma hongkongais, et l’une des meilleures productions du cinéma asiatique de ces dernières années.

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