Le Donjon de Naheulbeuk, une saga épique, mais pas que

 

Pour certains d’entre nous, le nom Naheulbeuk a bercé notre adolescence (je me compte dans le lot). Voilà près de 15 ans maintenant que les voix mémorables d’une troupe d’aventuriers aussi antihéroïques qu’attachants se sont faites entendre pour la première fois sur le net, et le Donjon de Naheulbeuk n’a depuis pas perdu de sa superbe ni la moindre de ses tuiles. Car depuis sa création, Naheulbeuk s’est de nombreuses fois renouvelé, notamment du point de vue du format, et n’attend pas d’être à l’état de ruine pour faire parler de lui et attirer les foules. Petite visite guidée au cœur d’un Donjon aussi sombre que déjanté.

 

[divider]« Saga mp3, ambiance de la frousse, saga mp3… »[/divider]

 

En effet, avant de nous intéresser au caractère épique (ou non) de cette saga, il faut avant tout commencer par souligner que le Donjon de Naheulbeuk est avant tout une saga mp3 (ou numérique, si vous préférez les mots en –ique) au succès fulgurant, succès qui s’explique de diverses façons. Mais commençons par le commencement.

 

Donjon ou bon son ?

 

Comme le terme « saga » l’indique, le Donjon de Naheulbeuk est une histoire narrée au travers d’un certain nombre de saisons, la sixième et dernière saison en date étant sortie en novembre 2014, à l’image des séries télévisées ou des sagas romanesques que l’on peut connaître aujourd’hui comme Sherlock Holmes, le plus controversé Fifty Shades of Grey (il en faut pour tous les goûts), ou le Seigneur des Anneaux (cet exemple n’est pas exactement choisi au hasard…). La complexité du cas de Naheulbeuk repose sur la diversité des supports ayant permis l’épanouissement de l’histoire. Ce qu’il faut en tout cas pour le moment retenir, c’est que cette saga était au départ (et est toujours) numérique.

Créé par John Lang (autrement appelé Pen of Chaos) courant 2000, pour une mise en ligne courant 2001, les deux premières saisons étaient constituées toutes les deux de 15 épisodes (dont la durée varie entre 4 et 20 minutes) mis gratuitement à disposition du grand public sous forme de fichiers mp3 à télécharger depuis le site du Donjon de Naheulbeuk. Simples pistes audio, ces épisodes sont des sortes de sketchs audios constituant une seule et même histoire. La plupart des personnages (du moins, leur voix), musiques et bruitages perceptibles à l’écoute mais aussi le scénario sont l’œuvre de notre homme, qui fait ponctuellement appel à des invités. Le processus de production est donc long et fastidieux : écriture, enregistrement des voix, des bruitages, de la musique, et enfin montage. Petite chose intéressante, le site indiquait – et indique toujours –  en temps réel (ou quasi) l’avancement de ce processus pour les épisodes à venir.

 

 

Si l’intrigue et les quatre autres saisons se sont par la suite développées au travers d’autres média (sur papier, notamment), on peut noter un retour au format numérique du fichier mp3 avec la mise en ligne d’une dizaine d’épisodes reprenant la saison 3 de l’aventure (d’abord parue sous forme de livre) dont l’adaptation audio est toujours en cours. Difficile de savoir le nombre de téléchargements qu’enregistre cette saga, mais cette dernière a en tout cas su conquérir un fort public grâce à un bouche-à-oreille des plus efficaces, la réputation de la série s’étant notamment traduite par de très fortes ventes des versions matérielles de la série (livres, BD, CD, et j’en passe, mais nous y reviendrons).

 

C’est bien beau, mais Naheulbeuk, c’est quoi ?

 

Pour ceux qui ne connaissent pas le Donjon de Naheulbeuk, qui n’auraient pas pris le temps de regarder la vidéo située en haut de l’article, et qui se poseraient donc depuis le début de cet article la question « Mais c’est quoi, le Donjon de Naheulbeuk ? », voilà le synopsis officiel de la première saison de la saga , À la recherche de la statuette :

 

Le Donjon de Naheulbeuk, c’est la quête de sept aventuriers – le Ranger, l’Elfe, le Nain, la Magicienne, l’Ogre, le Voleur et le Barbare – qui unissent leurs forces afin de récupérer la statuette de Gladeulfeurha qui, une fois réunie aux onze autres, permettra l’accomplissement d’une étrange prophétie. Mais finalement, cette prophétie, nos aventuriers s’en cognent comme d’une vulgaire prémolaire de gobelin. Ce qui les intéresse par dessus tout, c’est l’argent que cette statuette leur rapportera une fois remise à leur commanditaire. Seulement, il y a un hic : la statuette est cachée au fin fond d’un donjon gardé par un puissant sorcier, Zangdar : le célèbre Donjon de Naheulbeuk.

 

« Personne n’en est ressorti… »

 

Et hop, en deux lignes et trois mots, vous voici plongés dans l’univers héroïco-fantastico-parodique créé par Pen of Chaos. Nos sept pseudo-héros, aux voix, identités et caractéristiques particulières et uniques, se retrouvent donc pour de riches et tumultueuses aventures, au sein du Donjon au cours de cette première saison, puis au travers de la Terre de Fangh, à la recherche du fameux commanditaire…

 

[alert type=red ]Attention, possible spoiler l’espace d’un paragraphe[/alert]

 

Objet de la deuxième saison, Voyage en terre de Fangh, cette deuxième quête, bien moins glorieuse et glamour mais toujours aussi vénale, emmène donc notre groupe d’aventuriers (dont le nombre a d’abord diminué avec la mort du Voleur, lors d’une session de détection de pièges, puis augmenté avec l’arrivée d’un Ménestrel qui va cependant à son tour mourir) dans les tréfonds de la Terre de Fangh, territoire aussi multiple que dangereux. Bien que rejoindre Gontran Théogal, le commanditaire, se révèle plus ardu que prévu dans le temps imparti et au vu des obstacles rencontrés, nos héros parviennent finalement à récupérer l’argent tant espéré et mérité (bien que l’on puisse s’interroger à ce sujet). Mais c’était sans compter les taxes qu’un tel gain implique ainsi que la fin du monde que nos aventuriers ont déclenchée en remettant la fameuse statue dans les mains de Gontran. La compagnie va donc tenter par tous les moyens au cours de la troisième saison, La Couette de l’oubli, d’arrêter notre cher Gontran et mettre un terme à son terrible dessein, ce qu’ils parviendront à faire, vous vous en doutez. La saison 4, L’Orbe de Xaraz, porte le nom de l’artefact maléfique que les aventuriers vont par mégarde récupérer, au fil d’aventures toutes plus accidentelles les unes que les autres, sauvant ainsi, toujours aussi accidentellement, le monde. Mais une guerre se prépare entre les différents peuples de la terre de Fangh, au cours de la cinquième saison, Le Conseil de Suak, et la compagnie se retrouve malgré elle au milieu de ce chaos (comme d’habitude). Et au fil des mésaventures, nos héros vont encore une fois, par accident, arrêter Zangdar dans ses projets machiavéliques. Ils vont alors prendre part à la guerre qui se déclare ouvertement dans la saison 6, Chaos sous la montagne, et ils parviendront à y mettre fin (en la remportant, bien sûr), et la saison se finit sur la décision de la compagnie de se séparer une fois leur butin revendu (Ceci est la fin du spoiler potentiel).

 

Les statuettes du succès

 

Mais qu’est-ce qui fait le succès de ce qui n’était au départ qu’une petite saga mp3 ?

Outre une histoire assez riche (dans laquelle je ne rentre par ailleurs pas plus en détails), il faut souligner que le travail effectué par John Lang est assez conséquent. C’est toute une géographie qu’il crée pour la saga, ainsi qu’une histoire, avec ses dates et héros, et une mythologie. Faune locale (comprendre ici monstres en tous genres) et divinités voient spécialement le jour pour l’occasion. Tout cet univers est notamment développé dans une Encyclopédie en ligne ainsi qu’une série de bandes dessinées, Les Arcanes de Naheulbeuk, qui offrent ainsi une autre vision de ce monde plus que complet. Mœurs, légendes, savoirs scientifiques, les ajouts sont nombreux et divers, et permettent de rendre plus crédible un univers pourtant bien imaginaire, aussi familier soit-il.

 

[column size=one_half position=first ][/column]

[column size=one_half position=last ][/column]

It’s dangerous to go alone ! Here, take those maps !

 

Car il faut bien le reconnaître, l’univers de Naheulbeuk est un univers particulièrement familier à bon nombre d’entre vous. Donjons, monstres, quêtes, différentes classes de héros, différents niveaux de compétences… Ça ne vous dit rien ? Tout joueur de Donjons et Dragons, jeu de rôle sans doute le plus célèbre, mais plus globalement tout joueur de jeux de rôle fantastico-médiéval (sur support papier comme vidéo-ludique… World of Warcraft ? on a parlé de WoW ?) s’y sentira comme un poisson dans l’eau. Univers qui en a déjà conquis bon nombre d’entre nous, la parodie des codes et de l’imaginaire propre à cet univers en question se révèle riche et assez bien exploitée. Le principe même du jeu de rôle est le fil conducteur, du moins de la première saison, et sert de trame à de très nombreux sketchs et gags – le tout premier épisode de la saga l’illustre pour le coup à merveille.

Des sketchs et des gags, vous allez en manger à la pelle. Si l’humour n’est pas toujours très subtil (« Moi, j’ai pas besoin de torche, je suis nyctalope. – Je l’savais bien qu’t’étais une salope ! »), il faut cependant souligner de très bonnes trouvailles. Comique de répétition, parodies de codes universels (parlons du Vampire hémophile…), comique de l’absurde : les procédés comiques sont très nombreux, à l’image de la source d’inspiration primaire, François Pérusse et ses 2 minutes du peuple. Et les références sont encore plus nombreuses. En effet, la saga regorge de clins d’œil et d’hommages à d’autres œuvres de référence : difficile par exemple de rater les innombrables clins d’œil à l’intention du Seigneur des Anneaux (personnages, lieux, évènements et même expressions comme « Nazgûl en tongs ») mais aussi de façon plus subtile à Conan le Barbare, Star Wars, Harry Potter, Terminator, Predator, Retour vers le futur, les Schtroumpfs, The Legend of Zelda et bien d’autres encore. Ou encore les Monty Python dans la vidéo présente au début de l’article. Que ces références soient présentes dans la saga mp3 ou dans les adaptations en bandes dessinées, cela dénote la richesse de la saga et le gros travail de son créateur.

 

[column size=two_third position=first ][/column]

[column size=one_third position=last ].

[/column]

Puisque jouer à « Où est Charlie » n’est plus très politiquement correct…

 

Enfin, dernier gros atout qui peut expliquer le succès du phénomène Naheulbeuk : son format. Nous en parlions un peu plus haut, la saga est d’abord sortie sous forme de fichiers mp3 à télécharger gratuitement. C’était, à l’aube des années 2000, une petite révolution, et toute nouveauté sait faire parler d’elle. Format relativement court, les épisodes sont donc très accessibles, et je me souviens moi-même à l’époque avoir mis quelques épisodes de la saga mp3 sur mon lecteur mp3 pour pouvoir les écouter dans le bus pour aller au collège.

Avec ses personnages attachants, aussi charismatiques que capables (ou pas), une histoire assez simple à suivre et des gags à volonté, il est donc normal que ça se soit répandu comme une traînée de poudre dans les cours de récré et entre internautes.

 

[divider]Le tour de Fangh en 80 formats[/divider]

 

Naheulbeuk est une chose du passé, objecteront certains. Au contraire, loin de revenir péniblement d’entre les morts, le donjon de Naheulbeuk renaît constamment de ses cendres. Et il est intéressant voire surprenant de noter que la saga a suivi des chemins détournés pour revenir, toujours plus fort, à ses premières amours : Internet et les jeux de rôle.

Vous devriez regarder aussi ça :
Corsair annonce les nouvelles souris M75 !

 

Dans les petits papiers du public

 

Après le succès des deux premières saisons sur Internet, le Donjon de Naheulbeuk a en effet fait parler de lui dans les librairies. Alors que le nom de Naheulbeuk se retrouve estampillé sur de plus en plus de produits, et bien que John Lang ne souhaite pas faire de ce nom un marché tout entier, la dessinatrice Marion Poinsot (notamment derrière le scénario et le dessin de Dread Mac Farlane) parvient avec le soutien de sa maison d’édition Clair de Lune à convaincre Pen of Chaos de s’intéresser à une adaptation dessinée de sa saga. La première saison audio de la saga est donc adaptée en 2005 sur deux tomes et la deuxième saison audio entre 2006 et 2009 sur un total de quatre tomes. Une partie de l’Encyclopédie sera notamment adaptée au travers des BD les Arcanes de Naheulbeuk, et les saisons 3, 4 et 5 feront quant à elle l’objet d’une adaptation dessinée – en respectivement trois, quatre et cinq tomes, le dernier étant sorti en novembre 2014 – à partir non pas de la saga audio (puisque l’on rappelle que la saison 3 est toujours en cours de production) mais à partir des romans.

En effet, non content de s’attaquer au neuvième art qu’est la bande-dessinée, John Lang, dans un désir d’exploration aussi nourri que celui de ses personnages, s’est essayé au genre littéraire du roman. C’est donc au travers de 4 nouvelles saisons, et donc 4 romans, que le créateur tout-puissant a décidé de développer et d’enrichir l’univers de Naheulbeuk et l’histoire de nos héros, saisons qui font donc désormais l’objet d’une adaptation audio et dessinée.

Revirement de taille, mais aussi de qualité, donc, pour Pen of Chaos, puisque ce choix s’est révélé un succès commercial. Ainsi, les éditions Clair de Lune annonçaient des ventes supérieures à 200 000 exemplaires pour les deux premiers tomes à la fin de l’année 2006. Le cinquième tome aurait quant à lui dépassé les 150 000 ventes en 2008. Quant aux romans, selon un sondage Ipsos pour Livre Hebdo, deux des romans de Naheulbeuk s’étaient hissés dans le top 50 des meilleures ventes de science-fiction et fantasy en 2011 (au 15 et 18e rang, pour être précis), juste derrière le volume 1 du Trône de Fer notamment, et ce sont les prix Merlin 2010 et 2014 du Meilleur Roman (prix littéraire récompensant les œuvres de fantasy francophones) qui ont ainsi été remportés pour l’Orbe de Xaraz (saison 4) et À l’aventure compagnons (qui reprend les saisons 1 et 2). C’est un succès notable pour la franchise, d’autant plus que l’unique publicité dont bénéficie Naheulbeuk est le bouche-à-oreille.

 

Dieu c’est odieux

 

Nous le soulignions, l’univers de Naheulbeuk est très complet, notamment par un travail de consolidation par le biais d’œuvres parallèles comme l’Encyclopédie. Une série de pistes audio supplémentaires, développées en parallèle de l’histoire de la saga mp3, mettent ainsi en scène les personnages que l’on connaît dans de fausses publicités, vantant des produits enrichissant l’univers de base. Retrouvez par exemple ci-dessous une compilation de trois de ces fameuses et nombreuses publicités, toutes disponibles en téléchargement sur le site de Pen of Chaos (notons par ailleurs le travail de machinima – ou la fameuse superposition d’une piste audio à une œuvre visuelle pré-existante).

 

 

Autre aspect audio développé par John Lang : la musique. Penchons-nous quelques instants sur le passé (obscur uniquement sur un plan musical) de notre homme pour comprendre la génèse du Naheulband. Né en 1972 dans une petite ville du Finistère, il quitte sa Bretagne d’enfance pour poursuivre un CAP Photocomposition et Industrie du livre (comprendre : métiers de l’édition et de la publicité, notamment). Mais ce n’est pas pour autant qu’il oublie ses origines bretonnes (ni même une certaine passion pour la musique) puisque après avoir flirté avec la musique punk grâce à laquelle il s’initie à la percussion, et s’être essayé au metal et à la guitare au sein de petits groupes comme Necropsia ou Avel Fal, notre musicien autodidacte s’essaye à la flûte irlandaise, à la bombarde (instrument à vent typique de la Bretagne) et à la guitare folk. S’ajoutera ensuite à ce revirement celtique son amour de l’Irlande par le biais de l’addition de nouvelles cordes à son arc, ou plutôt de nouveaux instruments à son répertoire, avec notamment le bodhrán (instrument de percussion), le low whistle (encore un instrument à vent) et la cornemuse d’Irlande. Ce seront par la suite la harpe celtique et la flûte traversière irlandaise qui viendront allonger la liste. Au sein de groupes à tendance celtique (nommons TornaoD et Krozal), John Lang va ainsi confirmer son univers musical, qui transpirera de façon évidente dans les musiques qu’il composera pour le Donjon de Naheulbeuk, saga qu’il complètera donc par des chansons bonus.

Et c’est ainsi que voit le jour en 2002 le Naheulband, groupe reprenant l’univers de Naheulbeuk (et en le complétant, donc) sous la forme de chansons à télécharger sur Internet puis d’albums disponibles à la vente (avec quatre albums à leur actif, enregistrant pas moins de 30 000 ventes, selon les chiffres donnés par Pen of Chaos lui-même). Composé d’anciens membres des groupes visités par Pen of Chaos, le groupe acquiert une notoriété telle qu’il tourne régulièrement, pour des concerts ou de simples participations à des événements divers, à travers toute la France (et plus encore, notamment en Belgique, en Suisse, et même au Québec). Et ce depuis 2002.

 

La vie des hauts faits

 

Comme tout succès populaire, la communauté s’en est emparé et s’est approprié Naheulbeuk. Alors que la saga n’était au départ qu’audio, les fans ont rapidement souhaité pouvoir mettre des images sur les mots (alors qu’en général, c’est plutôt l’inverse), et de très nombreuses adaptations vidéo ont ainsi pullulé sur les principales plateformes que sont YouTube et Dailymotion.Qu’il s’agisse de simples montages – comme l’ajout des pistes audio sur des images de films ou de séries comme le Seigneur des Anneaux ou Kaamelott, ou sur des images extraites des bandes dessinées – ou de réalisations plus complexes, à base de reconstitution sur WoW (citons notamment NaheulWoW) ou avec des Lego, les fidèles s’en sont donné à cœur joie.

John Lang creuse plus sérieusement la question d’une adaptation vidéo en 2005 en s’associant avec Mortal Fight Circus, association non lucrative se proposant d’aider à la production de projets audiovisuels. Le projet alors proposé est la mise en scène des aventures de notre compagnie au sein du Donjon comme étant la conséquence d’une partie de jeu de rôle « réelle » : l’alternance Donjon/réalité et l’influence de ces scènes de la vie réelle sur le déroulement de la partie permettait notamment la création de sketchs aussi inédits qu’illimités. Bien que développé (vous pouvez en retrouver quelques détails ici), le projet n’a cependant pas abouti, et seules deux vidéos concernant le Naheulband ont ainsi été produites.

L’idée d’une adaptation audiovisuelle est revenue sur le devant de la table en décembre 2013 avec le lancement d’une campagne de kickstarter sur le site MyMajorCompany visant à récolter quelques 95 000€ pour permettre la finalisation de cette adaptation. Projet officiellement en cours depuis le courant de l’année 2011 (et qui se veut international), c’est à Nomad Films que John Lang fait appel, et dès le courant de l’année 2012, il se dit que l’étape de pré-production est déjà quasiment achevée. Avec presque 189 000€ récoltés (à 4€ près), c’est donc une série animée en 3D qui nous est promise, et un premier pilote est alors diffusé sur internet.

 

C’est avec ce premier aperçu que la série participe à différentes conventions et divers festivals, comme le WebProgram-Festival en 2014 au cours duquel la série se voit attribuer le Prix du Public dans la catégorie Humour ainsi que le Grand Prix du Public. Une deuxième petite vidéo a par ailleurs été rendue publique sur la chaîne YouTube de Naheulbeuk, histoire de faire patienter le public jusqu’à la diffusion de la série elle-même à partir de ce printemps 2015, nous promet Pen of Chaos.

 

Jeux

 

Mais c’est par un retour, inévitable, à ses origines (j’ai nommé le jeu de rôle), que Naheulbeuk fait en ce moment parler de lui. Et par un retour numérique, j’entends. C’est en effet l’annonce et les premières images du développement du jeu vidéo le Donjon de Naheulbeuk qui a agité les foules en janvier dernier. Cette vidéo, que vous pouvez retrouver ci-dessous, nous explique la démarche, les objectifs et l’avancement du jeu. Développé par Artefacts Studio (studio de développement de jeux vidéo français notamment à l’origine de quelques jeux DS), ce jeu se veut être un RPG tactique vous plongeant dans le sacro-saint Donjon de Naheulbeuk. Mais je vais laisser John Lang vous décrire (bien mieux que moi) les différentes caractéristiques de ce jeu à venir.

 

 

Adapter Naheulbeuk sous la forme d’un jeu n’est cependant pas une première pour Pen of Chaos qui avait déjà planché sur le sujet au travers d’un jeu de rôle « papier ». Retour aux origines, donc, pour un jeu disponible sur le site internet officiel. Et si cela ne vous suffit pas, ne vous inquiétez pas, un jeu de société Donjon de Naheulbeuk, édité par Repos Production depuis 2010, est lui disponible à la vente.

 

[divider]Veni, vidi, CHAUUUSSEEEETTE[/divider]

 

Naheulbeuk est sans aucun doute un phénomène dont le succès ne peut être nié. Comme un pionnier dans les terres hostiles d’un Internet sans pitié, il a su en inspirer, et nombre de sagas mp3 se sont par la suite développées : on peut ainsi citer Les aventuriers du NHL2987 Survivaure (ou Survivaure pour les intimes, et dont l’adaptation en bande-dessinée sera aussi signée Marion Poinsot), ou dans une recherche stylistique plus recherchée Reflets d’Acide.

Un danger se profile cependant à l’horizon : le risque de ras-le-bol. Car on l’a bien vu, le nombre de produits made in Naheulbeuk se multiplie. En plus de ces différents supports audio, visuels et ludiques, de nombreux produits dérivés sont par ailleurs disponibles. Tee-shirts, affiches, mugs, figurines sont donc proposés à la vente. Et l’on peut se demander ce que nous réserve John Lang après le jeu vidéo.

 

It’s a trap ?

 

Bien qu’il ne s’agisse pas ici à proprement parler d’une déclinaison d’un même titre de jeu vidéo, peut-on craindre la surexploitation de la licence que finit par former la gamme de médias estampillés Donjon de Naheulbeuk ? Pen of Chaos s’assure qu’à chaque réécriture de sa création, des nouveautés viennent enrichir son contenu originel, mais force est de constater que le fond reste le même : chaque nouveau support n’est qu’une adaptation du matériau de base. Au risque que l’on se fatigue de certains sketchs, par exemple. Espérons que la variété des supports ne viendra pas étioler l’intérêt de la communauté pour le phénomène Naheulbeuk, ce donjon pas comme les autres.