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Elle s’appelle Ruby : le film qui rend l’avatar réel

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« Elle s’appelle Ruby », (Ruby Sparks en anglais) est un film romantique sorti le 3 octobre 2012 écrit par Zoe Kazan. C’est l’histoire de cet écrivain qui parvient, par on ne sait quel fantastique pouvoir (celui de l’amour?) à invoquer Ruby, la magnifique fille parfaite de son bouquin. De là va naître une histoire d’amour forte et passionnelle.

On pourrait penser que ce film est, à première vue, une simple histoire d’amour. Mais ça va au delà de ce sentiment qu’est « l’amour ». Car ce film nous pose une problématique qui se rapproche étrangement d’un questionnement lié aux jeux vidéo : le créateur est-il maître de son personnage ?

Après avoir fait un court résumé du film (sans spoil autre que la bande annonce ;)), je tenterai un début de réflexion sur le rapport entre le joueur et son avatar.

 

[divider]Le FILM[/divider]

 

 

Ruby a été créée. Ruby est une femme, belle, vivante, drôle et émotive, mais elle n’est pas réelle. Ruby a été créée par Calvin, jeune écrivain d’une trentaine d’année qui a été propulsé au top des box office lors de la parution de son dernier bouquin. Calvin n’a jamais eu de chance en amour. Calvin voit un psychologue.

 

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Elle s’appelle Ruby, c’est donc l’histoire fantastique de cet écrivain qui parvient à faire vivre « pour de vrai » son personnage. Il sort avec elle, lui fait rencontrer sa mère, son frère, son patron et ses collègues. En quelques coups de stylo, Calvin peut façonner Ruby à sa guise. Il souhaite qu’elle parle français ? Il a juste à l’écrire et la voilà s’exprimant dans la langue de molière. La femme parfaite : celle qui cuisine bien, qui n’est pas pénible, qui supporte sa belle-mère et qui ne fait pas c*ier ! (Ne voyez pas dans mes propos de la misogynie, je suis juste réaliste il faut l’avouer. Si mesdames n’êtes pas d’accords, remettez-vous en question ! Bouahahahah)

Quel cocu qu’il est ce Calvin ! Il vit le parfait amour avec sa création.

Elle s’appelle Ruby, un film à voir et vous ne perdrez pas votre soirée. Il est bourré de références françaises, rempli d’humour et les acteurs sont touchants et doués. Zoé Kazan fait vivre le personnage de Ruby comme personne et donne une énorme bouffée d’air frais après des moments compliqués. De son côté, Paul Dano incarne un Calvin perché sur sa tour, complétement en dehors de la société lutant pour ne pas tomber dans la folie et jonglant avec ses fans.

Elle s’appelle Ruby est un film léger et re-regardable à souhait ! N’hésitez pas !!

 

[divider]Calvin, un Pygmalion des temps modernes[/divider]

Dans la mythologie Grecque, Pygmalion est un sculpteur sur l’île de Chypre. Ayant fait vœux de célibat mais tomba néanmoins amoureux d’une statue qu’il avait créé et demanda à Aphrodite de la rendre vivante. Sa création prit vie et ils vécurent heureux tous les deux.

Là où notre film se démarque c’est dans la relation qu’entretiennent créateur et créature. La relation qu’entretient la créature (Ruby) avec le créateur (Calvin) est presque de l’ordre du mystique. Ce dernier peut la façonner ou la modifier à sa guise, un peu comme un joueur créerait son avatar.

 

aion_creation_de_personnage
Lors de la création d’un personnage, de nombreux attribut physiques sont personnalisables. Nous pouvons nous aussi jouer à l’écrivain.

 

Qui n’a jamais rêvé de voir son personnage favori se matérialiser derrière sa porte et venir jouer avec vous ? C’est un rêve de gosse, OK, mais bon c’est quand même bien classe. Calvin l’a fait et de ce fait, il nous pose devant un dilemme. En tant que joueur, avons-nous légitimement les pleins pouvoirs sur le personnage que nous contrôlons ?

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[divider]Je suis joueur, j’ai le contrôle sur toi, tu fais ce que je dis.[/divider]

Il est vrai que du point de vue d’un psy (-logue ou -chiatre) qui n’y connaît rien en nouvelles technologie et vivant encore en 1950, le joueur de jeux vidéo a un réel problème d’ego, voire même un rapport conflictuel avec l’autorité.

En effet, le simple fait de contrôler quelque chose sans que celui-ci ne puisse contester nous hisse au niveau d’un dieu qui dirigerait depuis là haut. Tout se repose sur un mot : le libre-arbitre. Dans le film, Ruby est « libre ». Même si elle est contrôlable elle n’est pas contrôlée. En tant que joueur de jeux vidéo, l’avatar n’a pas conscience de sa vie, il n’a pas d’intelligence à proprement parlé. Cela donne-t-il alors le droit de faire ce que nous voulons avec le personnage que nous avons créé ? Sûrement pas. Car là où la jeune femme dans le film pense d’elle-même, l’avatar dans le jeu est régi par un code et un environnement. Ce dernier étant créé et défini par les développeur de ce même jeu.

Dans le film Elle s’appelle Ruby, il nous est volontairement caché ce que pense réellement Ruby de sa situation, on ne sait rien d’elle, tout se passe selon le point de vue de Calvin. Comme si il y avait une réelle absence de lien entre le créateur et la créature.

Ruby_Sparks_05C’est assez compliqué, faisons un exemple : je contrôle un personnage et je souhaite atteindre un point B. Or cette destination est en dehors du monde défini par les développeurs. Je suis donc bloqué par un mur invisible et ce, avant d’avoir atteint ce point B. Maintenant, faisons le lien entre ces éléments et le film présenté plus haut :

Moi joueur prend la place de Calvin, l’écrivain. Ruby, la femme parfaite, est la représentation du jeu vidéo auquel je joue (le jeu dans son ensemble). Si je souhaite atteindre cet impossible point B, je vais me heurter à ce mur, qui peut être interprété comme le libre arbitre qu’a le jeu. Même moi, créateur contrôlant mon sujet ne peut passer outre les limites de son libre-arbitre, des limites instaurées par les développeurs. Sauf en trichant, et glitchant (provoquer des bugs) le jeu en tant que joueur ou en écrivant les ordres en tant que l’auteur Calvin.

 

[divider]Conclusion[/divider]

En définitive, Elle s’appelle Ruby est une romance cinématographique qui peut nous permettre de comprendre le rapport qu’un joueur peut avoir avec son personnage à la différence que ce dernier n’est absolument pas libre de ses mouvements. Il est régit par son environnement et n’a pas d’intelligence à proprement parler. Bien que cela tende à changer. En effet, des chercheurs allemands sont parvenus à rendre conscient Mario le plombier. Celui-ci apprend de lui-même, explore le monde et comprend son environnement sans que personne ne le contrôle. La vidéo ci-dessous explique l’intelligence de ce Mario.

 

[divider]Pourquoi faut-il voir ce film ?[/divider]