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Le côté obscur de la version digitale

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Le coût de la version digitale n’est pas si virtuel que ça

[dropcap size=small]J[/dropcap]amais la locution « Le temps, c’est de l’argent. » n’aura sonné aussi juste. Alors que les sorties de certains titres de jeux vidéo se font attendre (pour ne citer qu’Assassin’s Creed Unity, par exemple) et mettent ainsi à l’honneur le marché des versions digitales, qui offrent la possibilité de se jeter plus rapidement et à corps perdu dans le jeu, l’étude publiée par VG24/7 sur le prix des jeux vidéo devrait en calmer quelques uns. Sur la base d’un échantillon de jeux, et selon diverses devises utilisées par delà le monde, cette étude s’attache à comparer et à souligner les différences de prix entre différents pays, mais surtout entre différents formats (version digitale ou traditionnelle), et ce sur les deux consoles du moment que sont la Xbox One et la PS4.

Et les résultats sont plutôt édifiants.

 

[divider]Ce que dit l’étude[/divider]

 

Très factuelle, cette étude nous liste les prix recensés au 11 novembre 2014 de 7 titres devant sortir dans le courant du mois – dont ACU, CoD, GTA V ou encore Halo – dans 6 pays différents (le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Italie, la France, l’Espagne et les États-Unis) avant d’en tirer les conclusions qui s’imposaient : le digital n’est pas une si bonne affaire que cela, et certainement pas en Europe.

L’idée qu’une différence de prix puisse exister entre version digitale et version traditionnelle ne surprendrait pas a priori personne si ce n’était pour la valeur de ce différentiel de prix  : elle va de moins de 0,01€ jusqu’à 16€ en fonction des pays, et pas dans le sens auquel on s’attend. La version digitale se révèle en effet plus chère que le format traditionnel, reléguant presque au rang d’anecdote le fait que ce différentiel soit plus important du côté de la Xbox One, pour des prix globalement plus élevés.

 

Les Marketplace PSN et Xbox Live : le nouveau couloir de la mort du geek ? (Crédit image – Forbes)

 

Les États-Unis s’en sortent étonnamment (ou non) bien, puisque seuls les joueurs nord-américains profitent d’un différentiel positif (de peu, cela étant), dans la mesure où ils économisent entre 0,01 et 0,83$ (soit moins de 70 centimes d’euro) en moyenne à acheter des éditions digitales. La France joue quant à elle le rôle de dernier de la classe, les gamers français devant souffrir d’un prix entre 12 à 15€ plus cher pour télécharger légalement le jeu sur leur machine. Entre ces deux extrêmes, l’Allemagne semble relativement épargnée, bien que pénalisée, avec une différence en défaveur du digital allant de 2 à 3€, alors que Royaume-Uni, Espagne et Italie souffrent eux de prix de 9 à 10€ en moyenne plus chers pour les éditions digitales.

 

Si débourser entre 50 et 70€ pour ajouter à sa collection le dernier titre sorti n’est pas chose rare, malgré des prix variant parfois selon les éditeurs et les franchises pour le mieux (pour notre porte-monnaie), et qu’une différence d’un euro ne paraît alors que minime voire insignifiante, il devient difficile de relativiser cette variation lorsque le prix passe par exemple de 48,79 à 69,99€ (exemple pour GTA V sur PS4 au 11 novembre 2014), et ce pour un jeu à l’unité. La valeur du panier atteint rapidement des sommets, pour peu que votre cœur balance entre plusieurs jeux.

Attention cependant : les prix indiqués dans le cadre de cette étude ont été relevés sur Amazon (pour le format traditionnel) et dans les boutiques du PSN et de Xbox Live pour le format traditionnel, et ont peut-être évolués depuis la publication de l’étude.

 

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[divider]Ce que ne nous dit pas cette étude[/divider]

 

Qu’un tel écart de prix sépare le format traditionnel et sa version digitale ne nous est pas forcément inconnu, puisque l’industrie de la musique s’est depuis plusieurs années maintenant soumise à ce marché en pleine croissance qu’est celui de la vente dématérialisée. iTunes, Amazon, Virgin Mega, et toute une flopée de plateformes de téléchargement légal ont ainsi vu le jour, avec comme atout et argument majeurs le prix. En effet, pour un prix moyen de 16€ en boutique (les prix variant généralement de 12 à 20€), vous pouvez retrouver le même album sur une plateforme en ligne pour 10€ en moyenne. Mieux, vous pouvez même choisir de n’acheter qu’un seul titre, celui-ci ne coûtant alors qu’environ 1€ l’unité en moyenne.

Par le caractère numérique du produit, l’industrie du disque s’est libérée de certaines phases de production, permettant ainsi de réduire certains coûts qui se répercutent forcément sur la facture du consommateur. Et au même titre que la musique, le jeu vidéo voit le nombre d’intervenants se réduire, passant de 6 à 4, lors du passage à une version digitale : l’éviction du fabricant et du grossiste redistribue le partage des revenus, qui se fait dès lors entre le développeur, l’éditeur, l’État et la plateforme. Moins de gens avec qui partager, cela se traduit donc soit par plus d’argent pour chaque entité restante, soit un prix réduit. Et c’est un mélange des deux solutions qu’a appliqué l’industrie du disque.

Autre avantage que l’on peut aisément associer au format digital d’un media, musical comme ludique : son accessibilité. Si vous n’êtes pas un nostalgique des boîtiers rectangulaires et des carnets de paroles (généralement accompagnées de très jolies photos, souvenez-vous), vous n’avez désormais plus à sortir de chez vous pour profiter de votre achat. Vous payez, vous en jouissez (dans la mesure de sa disponibilité, bien évidemment). Plus rapide encore que les achats livrés dans votre boîte aux lettres, cela vous permet donc de profiter d’un album ou d’un jeu vidéo dès sa sortie. Difficile de faire plus efficace !

 

 

Prix et format de cette musique nouvelle génération ont permis de faire face, ou du moins à limiter les dégâts d’un phénomène toujours plus croissant du téléchargement illégal. Le contenu musical est devenu plus accessible, même s’il n’est pas non plus à la libre disposition de chacun, rappelant à lui des consommateurs que l’illégalité rebutait.

Mais tous ces atouts, qui s’appliquent aussi aux jeux vidéo en version digitale, ne s’accompagnent pour autant pas d’une baisse de prix (au contraire) qui semble pourtant logique. L’accessibilité grandement accrue du jeu suffit-elle réellement à contrebalancer ces hausses de prix exorbitantes que répercute parfois un jeu vidéo entre sa version traditionnelle et sa version digitale ? Si cette question est davantage d’ordre rhétorique, l’on peut cependant s’interroger sur ce qui empêche l’industrie du jeu vidéo de faire baisser des prix de vente qui n’ont pas profité d’une dématérialisation du contenu, contrairement au modèle de l’industrie du disque.

De quoi faire réfléchir avant de confirmer le téléchargement de son jeu.

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